ELGAR Edward

(1857-1934) Epoque postromantique

D’abord autodidacte de formation, Edward Elgar ne s’imposera vraiment qu’à plus de quarante ans, avec les Variations Enigma. Compositeur anglais probablement le plus célèbre depuis Henry Purcell, il donna une nouvelle impulsion à la musique de son pays, mais resta également imprégné de tradition germanique. Sa célèbre Pomp and Circumstance March No. 1 est parfois considérée comme le second hymne national de l’Angleterre.

Edward Elgar en 10 dates :

  • 1857 : Naissance à  Lower Broadheath, près de Worcester
  • 1879 : Obtient le poste de chef d’orchestre de l’orchestre du personnel de l’asile de Powick
  • 1889 : Se marie avec l’une de ses élèves, Caroline Alice Robert, à qui il dédie sa courte pièce Salut d’Amour
  • 1892 : Sérénade pour cordes
  • 1899 : La création des Variations Enigma l’établit comme compositeur britannique prééminent de sa génération
  • 1904 : Est anobli au palais de Buckingham
  • 1910 : Concerto pour violon, commande de Fritz Kreisler et dernier triomphe populaire du compositeur
  • 1913 : Falstaff, étude symphonique d’après Shakespeare
  • 1914 à 1925 : Dirige une série d’enregistrements de ses œuvres
  • 1934 : Mort à Worcester

 

Salut d’amour, une pièce offerte à l’origine comme cadeau de fiançailles

Né d’un père marchand de musique et organiste à l’église catholique de Worcester, Edward Elgar se forme en autodidacte auprès de tout ce que la ville compte de musiciens. On commence à lui confier quelques tâches modestes, comme la direction de la fanfare du Country Lunatic Asylum. Tandis que son Salut d’Amour commence, sous les arrangements les plus divers, une longue vie comme l’un des plus grands succès de tous les temps dans le genre de la musique de salon, Elgar épouse Caroline Alice Roberts en 1889. Le jeune ménage, heureux en dépit de l’adversité (problèmes d’argent, hostilité larvée contre sa foi catholique au sein d’un pays majoritairement anglican), se fixe à Malvern où la flamboyante ouverture Froissart voit le jour. C’est le début d’une nouvelle carrière. Entre alors en scène August Jaeger, conseiller auprès de l’éditeur Novello qui publiera désormais toute la production du compositeur. Jaeger – plus tard immortalisé dans Nimrod, la neuvième des Variations Enigma – s’impose comme le premier thuriféraire d’Elgar, lui donnant confiance en son génie et favorisant la rencontre avec le très influant chef austro-hongrois Hans Richter.

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Le compositeur des Variations Enigma est admiré de Richard Strauss

Hans Richter crée les Variations Enigma en 1899 à Londres : le public et la critique réservent un triomphe à cette œuvre construite à partir d’un thème-énigme suivi de quatorze variations dédiées chacune à une personnalité de l’entourage du compositeur, « énigmatiquement » désignée par ses initiales. Sur un poème du cardinal Newman centré sur le drame chrétien face à la mort, l’oratorio The Dream of Gerontius est exécuté avec succès l’année suivante au festival de Birmingham.

Salué par Richard Strauss comme « le premier musicien progressiste anglais », Elgar dirige régulièrement l’Orchestre symphonique de Londres, et complète une trilogie d’œuvres d’inspiration religieuse (The Apostles, The Kingdom et The Last Judgement). Le patriotisme jouissant d’une ferveur politique aussi prégnante sous le règne d’Edouard VII que sous celui de la reine Victoria, le compositeur paye son tribut au genre avec sa série de cinq marches Pomp and Circumstance. La première d’entre elles, Land of Hope and Glory, renferme dans sa section médiane une ample mélodie (Elgar devait déclarer qu’elle était de celles dont on n’a l’inspiration « qu’une fois dans sa vie ») qui peut être chantée ; ainsi exécutée, elle allait connaître la renommée en tant que second hymne national – il n’est que d’écouter la ferveur avec laquelle le public toujours enthousiaste des BBC Proms l’entonne pour s’en convaincre !

Marche n° 1 des Pomp and Circumstance, jouée dans le cadre festif des Proms de Londres

 

« La plus grande symphonie des temps modernes »

Elgar compose deux symphonies – genre incontournable à cette époque pour tout compositeur digne de ce nom – clairement inscrites dans le sillage de Brahms. La Première, achevée en 1907, connut près de cent exécutions en un an et fut considérée par Hans Richter comme « la plus grande symphonie des temps modernes ». Si son incursion tardive dans le domaine de la musique de chambre (Sonate pour violon et piano, Quatuor à cordes, Quintette avec piano) laisse entrevoir un compositeur nouveau, mûri et comme dépouillé de sa flamboyance d’antan, ses deux concertos pour instruments à cordes (pour violon, puis pour violoncelle) demeurent gorgés d’effluves postromantiques. Le très lyrique Concerto pour violoncelle (1919) notamment, perçu comme le chant du cygne d’Elgar, fait désormais parti du répertoire des violoncellistes après avoir été popularisé par l’interprétation bouleversante de Jacqueline du Pré. Mais peut-être faut-il voir dans l’« étude symphonique » Falstaff, d’une remarquable maestria orchestrale et thématique, l’aboutissement de son œuvre. Fait en 1924 maître de la Musique du roi, Elgar passe les quinze dernières années de sa vie dans un silence à peu près total, s’employant surtout à faire rayonner son œuvre en tant que chef à travers des enregistrements effectués selon le procédé électrique. Ce grand maître de l’orchestre meurt en 1934, annus horribilis pour la musique anglaise puisque disparaîtront également cette année-là Gustav Holst et Frederick Delius.

 

Jérémie Bigorie

 

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