Aujourd’hui, Renault est un groupe qui marche sur deux jambes avec les voitures classiques et Dacia. Pourtant, le constructeur automobile français souhaite s’imposer sur le marché du luxe ou du haut de gamme. C’est pourquoi, le groupe a présenté, hier soir, un nouveau modèle d’Alpine.
Il y a aujourd’hui, les Renault classiques qui vont toutes devenir électriques. Ce sont des voitures de milieu de gamme. Un segment très encombré et sur lequel il est difficile d’être rentable si l’on n’a pas un vrai succès en termes de design.
De l’autre côté, c’est Dacia qui est devenu le cœur de la croissance et de la rentabilité de l’industriel français. Ce sont les voitures du meilleur rapport qualité-prix et sur ce segment, le groupe a l’avantage d’être seul. Personne n’a réussi à copier la recette.
Avec Alpine, il est possible d’écouler des centaines de milliers de voitures
Mais pour doper les profits, Luca de Meo, le patron de Renault le sait : il faut devenir un acteur de poids sur le marché du luxe ou du haut de gamme. D’où l’importance de lancer de nouvelles Alpine. Mais en quoi ce segment de marché est stratégique ?
A lire aussi
C’est un marché petit en volume, mais énorme en valeur. Un marché sur lequel les clients payent très cher pour quelques options. On ne vend pas de la voiture, outil de transport, on vend un jouet, un article de mode. On passe un peu de l’achat rationnel à l’achat plaisir et par conséquent, les marges sont bien plus généreuses.
Regardez la rentabilité de Porsche ou même d’Audi et de BMW. On va vendre moins avec l’Alpine, mais comme l’automobile reste un gros marché, il est quand même possible d’écouler des centaines de milliers de voitures avec une marge comprise entre 15 et 30%.
L’objectif de Renault est d’avoir une gamme de trois véhicules entièrement électriques d’ici à 2026
Mais est-ce qu’Alpine a sa chance sur ce segment de marché ? C’est un pari. Un pari difficile, mais qui vaut le coup d’être tenté. Il y a déjà beaucoup de marques et Alpine part en fait de zéro. La marque a une petite image auprès d’une base de fans en France, mais une très faible notoriété à l’international.
Ensuite pour l’instant, il n’y a qu’un modèle : un petit coupé sportif. Le modèle présenté hier et qui sera vendu en 2024, est une version boostée de la future Renault 5 électrique. Après, arrivera un SUV électrique et un nouveau coupé électrique. L’objectif est d’avoir une gamme de trois véhicules entièrement électriques d’ici à 2026, pour un jour pouvoir vendre 100 000 exemplaires par an. La barre est haute, car l’an dernier, Alpine a vendu à peine 3 500 exemplaires et pour les deux tiers, en France.
A lire aussi
La DS, l’autre pari français dans le haut de gamme, représente au bout de dix ans, moins de 50 000 voitures par an et la moitié en France. De plus, il faut passer d’une marque connue pour des petites voitures sportives, à une gamme plus large avec de l’électrique. On risque de heurter la base de clients historiques avant d’en gagner des nouveaux. Et l’ADN d’Alpine ce sont des petites voitures rapides et agiles, pas des citadines ou des SUV. L’avantage, c’est que la marque est présente en F1. Pour l’instant, elle ne gagne pas. Mais si les performances s’améliorent quand les nouveaux modèles arriveront, Alpine aura peut-être l’occasion de briller sur route comme sur circuit.
David Barroux