La France inaugure sa première gigafactory de batteries pour voitures électriques

Crédits : TotalEnergies

La première usine de batteries pour voitures électriques est inaugurée aujourd’hui à Douvrin dans les Hauts-de-France. Ce pari n’était pas gagné d’avance. En 2018, quand le projet a commencé à émerger, la France semblait très en retard alors que l’Allemagne et la Suède comptaient déjà plusieurs projets de gigafactories, ces usines géantes.

Il y a 5 ans, la France partait de zéro et avec plusieurs handicaps. Au-delà de nos traditionnelles faiblesses liées au coût du travail ou aux lourdeurs administratives, la France n’a pas autant d’usines de voitures que nos voisins allemands.

Or, on le sait, les batteries sont lourdes, volumineuses, et voyagent mal. Il faut donc des sites d’assemblages auto à proximité. Le deuxième problème c’est que cela coûte cher. Au total, sur la durée, ce sont plus de 7 milliards d’euros qui vont être investis dans cette sine ACC.

L’association de Stellantis à Mercedes et TotalEnergies a été bénéfique

Dès le départ, les pouvoirs publics ont cherché à vendre l’idée d’un « Airbus des batteries ». Il fallait coaliser les forces, au niveau français et si possible européen. Et c’est ce qui s’est passé. Stellantis, c’est à dire Peugeot-Citroën et Fiat, s’est associé à Mercedes et à TotalEnergies.

C’est un projet commun avec plusieurs industriels de différents pays. Ca permet de partager les risques et d’assurer plus de débouchés. La deuxième chose importante, c’est que les Etats ont joué leur rôle. Le gouvernement français a facilité l’installation et la France et l’Allemagne vont apporter presque 1,3 milliard d’aides publiques sur la durée.

C’est vraiment un effort européen et c’est pour ça qu’aujourd’hui à l’inauguration vous avez trois ministres français, un allemand, un italien et trois PDG. Cette équipe européenne de la batterie a fait le plus dur, elle a réussi à s’entendre, à tenir les délais.

La fabrication de batteries pour voitures électriques, c’est de la chimie de précision, difficile à maîtriser

Maintenant, il ne s’agit pas d’un sprint mais d’un marathon. Le premier challenge va être de réussir la montée en puissance industrielle. La fabrication de batteries, c’est de la chimie de précision. Ce n’est pas facile à maîtriser. Il faut produire sans défaut à grande échelle et vite, sinon on se retrouve avec des taux de rebuts très élevés. Il va y avoir une courbe d’apprentissage.

Ensuite, il va falloir que les partenaires s’entendent sur la durée. Ils sont à la fois actionnaires, vendeurs et pour certains acheteurs. Si les coûts grimpent, est-ce que Stellantis et Mercedes ne seront pas tentés que l’usine leur fasse un peu de cadeaux ? Mais TotalEnergies risque de ne pas être d’accord.

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Enfin, comme toute factory, ACC va évoluer dans un cadre très mouvant. Le prix de l’électricité peut augmenter, le cadre fiscal peut changer. Les industriels ont besoin d’un cadre stable et prévisible mais la vie économique est pleine de surprises parfois mauvaises. Et quand on gère un projet à 7 milliards, il ne faut pas que les mauvaises surprises coûtent trop cher.

David Barroux

 

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