Le concerto est présent dans toutes les salles de concert. Pour le soliste, il est un moyen de se faire valoir. Pour le compositeur, c’est l’occasion d’explorer l’écriture d’un instrument spécifique, voire parfois d’en repousser les limites, et d’expérimenter les possibilités de dialogue avec l’orchestre. Que savez-vous du concerto ? Faites le quizz, en répondant “vrai” ou “faux”.
Le concerto est l’occasion pour le soliste de démontrer sa virtuosité
Vrai. Le concerto apparaît en Italie, à la fin du XVIIème siècle. Jusque-là, les instruments à cordes tenaient un rôle d’accompagnement dans la musique vocale, ou soutenaient les danseurs. Lorsque, à l’époque baroque, les instruments commencent à être écouter pour eux-mêmes, apparaissent alors des genres de musique nouveaux : la sonate en trio, la suite instrumentale… et le concerto. L’essor d’une musique spécifiquement instrumentale incite bien-sûr à explorer les possibilités individuelles mais aussi les combinaisons d’instruments. Ainsi Vivaldi écrit de nombreux concertos pour violon, mais aussi pour violoncelle, flûte, hautbois ou basson. La technique se développe et les instrumentistes repoussent toujours plus loin leurs limites physiques. D’autant que la mise en lumière du soliste les incite à briller. Quoi de mieux pour cela qu’une virtuosité époustouflante ? Le disque n’existe pas à cette époque, le musicien est face au public. Or la virtuosité recèle une part de fascination visuelle propre à hypnotiser le public. Au XIXème siècle, Liszt ou Paganini ensorcelleront les amateurs de virtuosité.
L’orchestre n’a qu’un rôle d’accompagnement et ses musiciens s’ennuient vite
Faux. Bien-sûr, tout dépend du talent du compositeur. Mais chez tous les génies de l’histoire de la musique, l’orchestre tient un rôle essentiel dans le concerto. Au point qu’il serait idiot de ne s’intéresser qu’au soliste lorsqu’on compare plusieurs versions d’une même œuvre. L’orchestre et le chef ont aussi leur importance. Chez Corelli ou Vivaldi, le rôle de l’accompagnement réside beaucoup dans l’énergie rythmique et les contrastes dynamiques. Mais l’orchestre ne comprend quasiment que des cordes et un clavecin. A partir de Mozart, les pupitres des vents sont systématiquement présents, se diversifient, et deviennent progressivement plus autonomes. Le timbre prend une importance cruciale au XIXème, avec notamment une abondance des solos dans l’orchestre. Sans compter l’inventivité des compositeurs pour créer une infinité d’atmosphères, en partie grâce à l’orchestre, justement. Non, chez Schumann ou Tchaïkovsky par exemple, l’orchestre ne s’ennuie pas.
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Dans un concerto, il n’y a qu’un seul soliste face à l’orchestre.
Pas forcément. Le principe du concerto est d’alterner un instrument soliste avec la masse orchestrale, dans un effet de contraste permanent. Ce qui ne les empêche pas de dialoguer, bien au contraire. La plupart du temps, il n’y a qu’un soliste. Mais il existe aussi des double concertos (pour violon et violoncelle chez Brahms, pour violon et piano chez Mendelssohn), voire triple (celui de Beethoven). La symphonie concertante, dérivé du concerto, peut également employer un seul (chez Prokofiev c’est le violoncelle) ou plusieurs solistes (Mozart). Quelques (rares) œuvres n’affichent carrément pas de soliste officiel ! C’est le cas du Concerto pour orchestre de Bartok, où un pupitre différent est mis en valeur dans chacun des mouvements, devenant ainsi « soliste ».
Il n’y a pas de concerto pour les instruments à percussion
Faux. Les percussions ont longtemps été utilisées pour leur couleur sonore, comme un peintre rajouterait une touche sur sa toile. Il faut attendre le XXème siècle pour que les percussions soient traitées comme des instruments réellement indépendants. Dans le domaine concertant, on peut citer les concertos pour timbales de Donatoni (1953) et de Wallin (1998) ou ceux pour percussion de Jolivet (1958) et de Kalevi Aho (2010). Comme quoi, tous les instrumentistes peuvent potentiellement un jour se retrouver soliste devant un orchestre !
Sixtine de Gournay