La récente étude du Centre for Research on Energy and Clean Air affirme que les sanctions occidentales sur les importations n’ont qu’un impact faible sur la Russie. Pourtant, Moscou exige leur levée en échange de la reprise des livraisons de gaz. Dans le bras de fer avec les Européens, le temps ne joue pas en la faveur du Kremlin.
En un an, le cours du gaz a été multiplié par 13, ce qui alimente le trésor de guerre de la Russie
Les sanctions sont un poison lent. Plus lent que ce qu’on avait imaginé, mais un poison quand même. Dans un premier temps, elles n’ont pas eu l’effet escompté et c’est ce que reflète l’étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA). Alors que les embargos imposés sur les importations russes d’hydrocarbures et de charbon devaient étrangler son économie, ils ont au contraire dopé ses revenus. La faute à la formidable augmentation des prix de l’énergie qui en a découlé. En un an, le cours du gaz a été multiplié par treize. Résultat, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a engrangé plus de 40 milliards d’euros de recettes fiscales sur les ventes d’hydrocarbures. De quoi contribuer largement à l’effort de guerre évalué autour de 100 milliards.
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Le départ d’entreprises et la pénurie de pièces détachées va peser lourdement sur l’économie russe
Dans ces conditions, Moscou a quand même décidé de couper le robinet à l’Europe parce que les Européens s’organisent pour se passer du gaz russe. Une fois l’hiver passé, cette arme ne fera plus peur à grand monde. D’autant qu’en décembre prochain, les Occidentaux cesseront aussi d’acheter du pétrole de Sibérie. La Russie joue donc son va-tout avant qu’il ne soit trop tard.
L’autre raison de ce chantage, c’est que le poison des sanctions commence enfin à faire effet. Selon un rapport confidentiel russe récupéré par l’agence Bloomberg, l’économie locale s’asphyxie lentement mais sûrement. Le départ de groupes étrangers de Russie conjugué à la pénurie de pièces détachées, notamment dans les industries de pointe pour cause d’embargo, pèse sur l’activité de nombreux secteurs. Ainsi, 2023 devrait être une année noire pour les entreprises et les ménages russes. Et les années suivantes ne s’annoncent pas meilleures. Dans le bras de fer que Vladimir Poutine a engagé avec les Occidentaux, le temps ne joue pas en sa faveur.
François Vidal