McDonald’s et Renault vont quitter la Russie. Cet exode d’entreprises ayant de véritables intérêts sur le territoire russe en annonce d’autres car il devient impossible pour les groupes étrangers de gérer leurs affaires dans le pays.
Renault a vendu un actif de 2,2 milliards d’euros pour 1 rouble symbolique
McDonald’s et Renault ont annoncé tous les deux qu’ils quittaient la Russie. En effet, il devenait de plus en plus difficile de faire des affaires dans le pays. Depuis l’invasion de l’Ukraine, la liste des entreprises occidentales qui quittent la Russie ne cesse de s’allonger. La plupart étaient déjà parties, il ne reste donc plus que ceux qui avaient des actifs très importants dans le pays. Même eux sont en train d’abandonner Poutine, et par la même occasion le peuple russe. La Société Générale qui contrôlait une grande banque domestique est partie le mois dernier.
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Renault contrôlait Lada, qui représentait plus d’un tiers du marché automobile de l’ex géant soviétique et employait sur place 45 000 personnes, a vendu, le 16 mai, un actif valorisé plus de 2,2 milliards d’euros pour un rouble symbolique. Il en va de même pour McDonald’s qui abandonne 847 restaurants que le groupe opérait en direct à hauteur de 85%, alors que d’habitude il y a surtout des franchisés. 9% du chiffre d’affaires des fast-foods contrôlés par le roi du Big Mac, 3% de ses profits et 62 000 salariés qui vont passer pour une bouchée de burgers entre les mains de groupes russes sans doute proches du Kremlin.
Plus que pour des raisons éthiques, le départ des entreprises est économique
Tous ces groupes quittent donc la Russie pour des raisons évidentes. Payer tous les mois des dizaines de milliers de salariés à ne rien faire n’est pas tenable très longtemps, même si on est une multinationale puissante. On remarque également que ce qui devait être temporaire est clairement parti pour durer. En général, il faut quelques semaines pour imposer des sanctions et des années pour les lever. Cela veut dire que la Russie est partie pour vivre coupée du monde pendant de longues années même si le conflit s’arrête demain. Quand vos usines ou vos clients sont de l’autre côté d’un nouveau rideau de fer, cela devient impossible d’opérer. On ne peut pas envoyer de pièces ou de cadres et on va avoir du mal à rapatrier des profits. La Russie est devenue une île coupée du monde et même si c’est un grand pays cela reste une petite économie de la taille du PIB espagnole. Cela ne vaut pas le coup de prendre des risques.
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On peut alors sans doute s’attendre à voir partir tous les grands groupes. Danone, Auchan, Yves Rocher et d’autres, de différents pays sont encore sur place. Il ne faut pas leur jeter la pierre. Pour eux, la Russie ne rapporte sans doute déjà plus rien ou presque. S’ils ne partent pas, ils vont arrêter d’investir. Dans les affaires l’investissement, c’est comme pédaler à vélo. Si on ne pédale pas, on tombe. C’est dommage pour toutes nos entreprises mais c’est aussi très triste pour les Russes. L’ouverture du premier McDo sur la place Rouge en 1990 alors que la Guerre froide n’était pas terminée avait été un événement historique et le symbole d’une ouverture soviétique. Aujourd’hui McDo tire le rideau. C’est aussi un symbole mais il est beaucoup plus triste. Les Russes avaient commencé à rejoindre le camp de l’Occident, aujourd’hui ils sont contraints de se replier sur eux-mêmes.
David Barroux