L’embargo sur le gaz et le pétrole russe, un « effort de guerre » nécessaire

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Les Etats-Unis sont prêts à interdire les importations d’hydrocarbures russes sur leur territoire. Une perspective qui a propulsé le baril tout près de son record historique à 139 dollars et envoyé le prix du gaz vers de nouveaux sommets. En attendant de savoir si Washington mettra sa menace à exécution, la question se pose de savoir si l’Europe a les moyens de suivre.

55% du gaz consommé outre-Rhin est importé de Russie

Si l’on en croit Olaf Scholz, le chancelier allemand, l’Europe n’a pas les moyens d’interdire les importations d’hydrocarbures russes sur le territoire. La dépendance de l’Europe serait trop importante pour que nous puissions nous en priver dans l’immédiat, sans casse. Il faut dire qu’un tiers du pétrole et 55% du gaz consommés outre-Rhin sont importés de Russie. Cela n’est pas étonnant que Berlin redoute les conséquences d’un embargo sur son économie. Mais les Allemands ne sont pas seuls. A Rome, La Haye et à Londres notamment, l’inquiétude est la même. S’abstenir de suivre les Américains serait donc le choix de la raison. Mais une fois qu’on a dit cela, on peut se demander si nous avons encore le choix. Au vu de la flambée des prix de l’énergie qui a toutes les raisons de s’inscrire dans la durée, on peut en douter.

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Il faut considérer un embargo sur l’énergie russe comme un effort de guerre

A ce niveau de prix, les dégâts sur l’économie européenne sont déjà certains. Le choc pétrolier et gazier, nous l’avons déjà. D’autant que dans le même temps, l’euro chute. Quoi qu’il arrive, il faut donc se préparer à une forte baisse de la croissance couplée à une inflation élevée dans les prochains mois. Dans ces conditions, il vaudrait mieux durcir tout de suite le bras de fer avec la Russie plutôt que de subventionner son effort de guerre en payant son gaz et son pétrole à des prix exorbitants. Les sanctions financières n’étaient qu’une première étape. Washington a raison, il faut aller plus loin et le faire vite, dès la fin de cet hiver. Alors évidemment c’est plus simple pour les Etats-Unis qui sont indépendants énergétiquement, que pour l’Europe. Mais il faut considérer un embargo sur l’énergie russe comme un effort de guerre dont le coût sera finalement moins élevé qu’un conflit sans fin aux frontières de l’Union européenne.

François Vidal 

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