Guerre en Ukraine : Le bilan « navrant » des sanctions européennes contre la Russie

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Malgré la guerre en Ukraine, depuis février, les pays européens ont versé plus d’argent à la Russie pour ses hydrocarbures que sur la même période en 2021. Si cette augmentation est en partie due à la flambée des prix du gaz et du pétrole, elle souligne en fait l’inefficacité des sanctions européennes contre le Kremlin et la dépendance des pays de l’Union.

La France a augmenté ces achats de gaz naturel liquéfié en provenance de Russie

3 mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, le bilan des sanctions européennes sur les importations de pétrole et de gaz russes en Europe est plutôt décevant. C’est en tout cas ce que montre une étude d’un think tank indépendant que publie Les Echos ce matin. En effet, on pourrait même dire que le bilan des sanctions de l’Union européenne est navrant. En dépit des batteries de sanctions annoncées à grands renforts de publicité depuis février, les Européens ont versé plus d’argent à Moscou ces 3 derniers mois en échange de ses hydrocarbures que sur la même période l’an dernier. Une augmentation de 40%, pour être précis, selon le Center for Research on Energy and Clean Air. Au total, la facture s’élève à près de 60 milliards d’euros. Une somme qui a permis au Kremlin de financer son effort de guerre et de maintenir son économie à flot. Alors bien sûr, la flambée des prix du gaz et du pétrole explique en grande partie ce phénomène. Pourtant, des pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou même la France ont tout de même augmenté ces derniers mois leurs achats de gaz naturel liquéfié en provenance de Russie pour compenser la baisse des volumes qui leur parviennent par gazoduc.

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Les Européens seront dépendants du gaz de Sibérie jusqu’en 2027

Dans ces conditions, on peut alors se demander pourquoi Moscou a réduit ou même coupé la semaine dernière les importations de gaz à plusieurs pays européens. Si, officiellement, ces coupures sont la conséquence de pannes techniques, en réalité personne n’est dupe. Il s’agit d’un avertissement sans frais. Au lendemain de la visite à Kiev d’Emmanuel Macron, d’Olaf Sholz et de Mario Draghi, c’est une façon de rappeler aux Européens combien ils sont dépendants de la Russie pour faire marcher leur économie. C’est également une manière de maintenir les prix du gaz à des niveaux très élevés au moment où la demande chute pour cause de températures estivales. Une stratégie lucrative et sans risque pour le Kremlin qui restera gagnante jusqu’en 2027. En effet, si les Européens ont décidé de se passer du pétrole russe dès que possible, ce n’est pas avant cette échéance encore lointaine qu’ils seront en mesure de se passer complètement du gaz de Sibérie.

François Vidal 

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