Thierry Cotillard, PDG du groupe Les Mousquetaires, qui possède notamment Intermarché, était l’invité des Stars de l’Eco sur Radio Classique. Au micro d’Eric Mauban vendredi 26 mai, il a notamment promis de nouvelles baisses sur le prix des produits alimentaires alors que l’inflation continue d’être galopante.
C’est une nouvelle qui devrait ravir les Français. Thierry Cotillard, président du groupe les Mousquetaires, détenteur de sept enseignes dont Intermarché, s’attèlera, dès cet été, à « casser le pic d’inflation », a-t-il annoncé sur les ondes de Radio Classique.
Alors que l’inflation a atteint près de 15 % en un an, il a confirmé la tenue de « nouvelles négociations avec les industriels qui vont notamment permettre de gagner deux points de déflation sur l’ensemble des dossiers ».
« Les consommateurs sont pressés mais ne leur vendons pas du rêve »
Elu en janvier dernier à la tête du Groupement, l’homme de 49 ans se veut toutefois réaliste : « des négociations, ça prend plusieurs semaines. Les consommateurs sont pressés mais ne leur vendons pas du rêve ».
Confronté à un contexte rendu compliqué par l’inflation des prix alimentaires, la hausse des coûts énergétiques et un pouvoir d’achat des consommateurs qui s’érode, ce diplômé d’HEC a toutefois « dénoncé les abus de quelques très grandes marques qui ont vu l’inflation comme une aubaine pour restaurer de la marge ».
« Ce serait quand même beaucoup plus arrangeant de pouvoir négocier les prix tout au long de l’année avec les industriels”, a estimé Thierry Cotillard. En effet, la spécificité française qui fixe une négociation annuelle au 1er mars entre industriels et distributeurs est préjudiciable pour les consommateurs selon lui.
Une baisse des prix envisagée à la rentrée
Depuis plusieurs semaines, le cours du blé et de certaines matières premières ne cesse de dégringoler, sans que les prix en rayon ne diminuent. Une hérésie selon Thierry Cotillard, malgré les « paniers anti-inflation » mis en œuvre depuis quelques mois par les enseignes de distribution.
Une initiative pourtant payante, selon lui, à la fois pour les enseignes et pour le consommateur : « On a constaté une appétence pour ces produits de la part des clients, quand ils en achètent, cela représente 1 produit sur 5 de leurs courses ».
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« On a baissé les prix de 8 %, donc quand l’inflation est à 9 %, [cela signifie] qu’on a gommé l’inflation de cette année », poursuit-il. Quid alors de la période estivale qui arrive, lance Eric Mauban, la baisse va-t-elle se poursuivre ? S’il admet « penser à l’été” » le PDG des Mousquetaires affirme que les choses pourraient surtout bouger à la rentrée.
Il assure que « le dispositif [des paniers anti-inflation] sera reconduit sous une forme qui n’est pas encore définie », et dépend encore des discussions en cours chez les distributeurs, les industriels et Bercy : « Notre objectif est d’élargir ces paniers” » Il est question que les fournitures scolaires puissent en faire partie.
Préserver le pouvoir d’achat et maintenir des marges est une équation complexe
L’inflation à deux chiffres a surtout provoqué un changement chez les consommateurs. Ayant un pouvoir d’achat réduit, le consommateur s’est redirigé vers les marques de distributeur, au grand dam des marques nationales, tels Panzani et Barilla pour ne citer que les fournisseurs de pâtes : « La tendance est que les marques nationales régressent fortement dans nos ventes ».
L’autre victime de ces mois d’inflation est le bio, 15 à 20 % plus onéreux que les produits conventionnels. « Je tiens à alerter sur la situation catastrophique qui attend le monde agricole » ayant choisi le secteur du bio, s’est-il alarmé, avant d’ajouter : « Les aides de quelques millions d’euros de l’État ne suffiront pas et beaucoup d’agriculteurs ne tiendront pas ». Un combat auquel tient ce fils d’aviculteurs.
Oscar Korbosli