Fin des moteurs thermiques en 2035 : Le rétropédalage de l’Allemagne retarde le feu vert de l’Union européenne

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On pensait que la fin de la voiture à essence était programmée en Europe, mais visiblement les Européens ne sont plus d’accord sur le sujet.

 

L’Allemagne rallie le camp des opposants aux côtés de l’Italie et de la Pologne

On attendait plus qu’un dernier vote – qui aurait dû intervenir aujourd’hui à Bruxelles – pour que les 27 Etats membres de l’Union européenne actent l’interdiction de la vente de ce qu’on appelle les « voitures thermiques », à partir du 1er juillet 2035. Alors qu’on croyait ce vote acquis, l’Allemagne a fait savoir qu’elle ralliait le camp des opposants dans lequel on compte également l’Italie et la Pologne. On ne pourra donc pas atteindre le seuil de la majorité qualifiée. Pour qu’un texte passe au niveau européen, il faut qu’au moins 15 pays, représentant 65% de la population de l’Union, l’approuvent. Ce ne sera pas le cas. A un moins de trouver un compromis, la situation est bloquée.

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Mais alors pourquoi les Allemands et les Italiens ne veulent pas de cette fin de la voiture à essence ? Les mauvaises langues vous diront que c’est parce que les groupes tels que Ferrari et Porsche ont fait du lobbying et qu’ils se moquent de la planète. Les Allemands eux, invoquent une raison technique. Ils affirment avoir donné un accord de principe, mais à une condition : qu’on autorise éventuellement la vente de voitures roulant avec un nouveau carburant, un e-fuel, un carburant de synthèse beaucoup moins polluant. Si la porte n’est pas fermée à cette possibilité, cela reste tout de même très flou. Les Allemands sont donc inquiets pour leurs constructeurs automobiles. La coalition, au pouvoir actuellement, est un peu fragile et a donc décidé de taper du poing sur la table.

 

Pour les industriels, l’Europe confond l’objectif et les moyens

Chez les industriels, il y a plusieurs camps. Les Français disent en avoir marre du « stop and go ». Ils ont besoin de visibilité et de stabilité. Ils étaient contre l’interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035, mais maintenant, ils ont pu adapter leurs plans et ne veulent pas revenir en arrière, surtout que faire à la fois beaucoup de thermique et d’électrique, ça devient compliqué. Les Français voudraient notamment que l’Europe finance le déploiement de bornes de recharge.

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Les Allemands sont plus partagés, car ils croient à la solution du carburant de synthèse et vont avoir besoin de produire, de toute façon, de grosses voitures à essence pour les autres marchés. En revanche, tous les industriels sont d’accords sur un point : ils en ont assez que l’Europe confonde l’objectif et les moyens. Ils veulent bien qu’on leur impose de vendre des voitures moins polluantes, mais ils en ont assez que ce soient des bureaucrates qui décident exactement à quoi devront ressembler ces voitures. Bruxelles ne fait pas assez confiance à l’innovation et à la prise de risques. C’est vrai dans l’automobile, mais aussi dans l’énergie ou l’agriculture.

David Barroux

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