EDF, détenu jusqu’ici à 84% par l’Etat, a quitté la Bourse ce jeudi pour redevenir une entreprise 100% publique. Symbolique en apparence, cette renationalisation doit, en principe, régler un certain nombre de problèmes financiers d’un groupe surendetté (64,5 milliards d’euros).
C’est effectivement une parenthèse cruelle qui se referme. Pour EDF, l’histoire boursière avait bien commencé mais elle se termine mal. Il faut s’en souvenir.
En 2005, quand notre champion de l’électricité ouvre son capital, plus de 5 millions de Français participent à cette privatisation partielle. C’est le plus grand succès populaire des privatisations. L’action est proposée à 32 euros et va atteindre son record historique en 2007, à presque 77 euros.
Pendant un moment, EDF sera même la première capitalisation française à 157 milliards et la deuxième en Europe derrière Shell. Mais à partir de 2008, la tendance s’inverse et EDF a vécu une descente aux enfers boursiers.
Le groupe EDF s’est lourdement endetté pour se développer, faisant exploser sa dette
Le titre a plongé à environ 6 euros en 2020 et, quand l’Etat a proposé de racheter le flottant à 12, presque tout le monde a apporté ses titres et c’est pour ça qu’EDF quitte la Bourse par la petite porte, 17 ans après être entré par la grande.
C’est en partie de sa faute, celle du gouvernement et de Bruxelles. Et aussi à cause d’un contexte global. Pour se développer, le groupe EDF s’est lourdement endetté, sa dette est passée de 16 milliards en 2007 à plus de 40 en 2009. Entre temps, il y a eu la crise financière des subprimes. D’un seul coup, la Bourse n’a plus aimé la dette et EDF était le plus gros émetteur de dette de la zone euro.
Bruxelles a poussé pour la libéralisation du marché et a donc handicapé l’ancien monopole. Le gouvernement a toujours freiné les vraies réformes qui risquaient de provoquer des tensions sociales. Et puis, il n’a pas su donner une vision claire et à long terme sur le sujet du nucléaire. EDF s’est aussi tiré des balles dans le pied en n’arrivant pas à tenir les délais et les coûts de ses nouveaux réacteurs. C’est tout ça qui a conduit à massacrer le titre en Bourse.
EDF doit être traitée comme une entreprise et non une administration
A l’avenir, en théorie, l’espoir est de voir un EDF moins perturbé par le court-termisme des marchés financiers et qui va pouvoir se concentrer sur le long terme avec l’appui de l’Etat. D’ailleurs, l’Etat va appuyer le financement du renouveau du nucléaire.
Mais, dans la pratique, il faut être prudent. L’Etat avait encore 80% du capital et n’a pas été un très bon actionnaire. Maintenant qu’il a 100%, pas certain qu’il soit meilleur. Il faut qu’il traite ce groupe comme une entreprise et non comme une administration.
A lire aussi
Il ne faut pas qu’EDF soit victime d’injonctions contradictoires ou de décisions purement politiques. C’est un groupe stratégique dont la mission doit être de fournir une électricité compétitive, décarbonée et abondante. Tout le reste est un peu secondaire.