Presque 10 ans pour ouvrir une usine : La colère de Louis Le Duff contre la bureaucratie française

MATHIEU PATTIER/SIPA

Le groupe Le Duff, poids lourd français de la boulangerie industrielle, menace de ne pas ouvrir son usine en Bretagne. Le coup de gueule de son patron invite à réfléchir sur les lourdeurs de la bureaucratie et des règles industrielles en France.

Le groupe Le Duff, parti de Bretagne, pèse aujourd’hui plus de 2 milliards d’euros

Louis Le Duff est un sacré personnage. C’est un entrepreneur parti avec 1.500 francs en 1976, qui a réussi depuis sa Bretagne natale à donner naissance à une multinationale. C’est devenu le champion du monde de ce qu’on appelle la boulangerie industrielle, qu’il préfère qualifier de boulangerie surgelée premium. De ses usines Bridor sortent tous les ans des milliards de croissants et de sandwichs. Il contrôle aussi des points de vente comme la Brioche Dorée ou les pizzerias Del Arte. Et surtout, il s’est internationalisé en Asie et en Amérique du Nord, où il fait 30% de son chiffre d’affaires au pays de Starbucks. Son groupe pèse plus de 2 milliards d’euros et pour continuer d’avancer, il a besoin de nouvelles usines. Mais aujourd’hui, son dernier projet est bloqué en Bretagne et cela l’énerve.

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Depuis 2017, il essaye de lancer la construction d’une nouvelle usine à côté de Rennes et il a à peine progressé. Il espérait ouvrir son usine, dans laquelle devait investir 250 millions d’euros, et créer 500 emplois directs en 2022. Mais bien qu’il ait obtenu son permis de construire, il y a tellement de recours et de blocages qu’il sait que rien ne se passera avant deux ou trois ans. Presque 10 ans pour ouvrir une usine dans un pays qui en manque, c’est beaucoup trop. Du coup, il investit ailleurs, comme aux Etats-Unis, au Canada ou au Portugal. Et il ne va pas exporter depuis la France mais se développer hors de l’Hexagone. Ses concurrents internationaux vont vite et il ne peut plus perdre de temps.

La bureaucratie et l’excès de règles plombe nos champions de l’industrie

C’est un peu le symbole de tout ce qui ne va pas dans notre pays. Il y a des lois pour éviter les abus, on a des tas de recours possibles. On édicte des règles comme le « zéro artificialisation des terres » mais on se tire des balles dans le pied : il faut seulement deux à trois ans pour ouvrir une usine dans la plupart des pays, soit trois fois moins de temps qu’en France. Alors on ne peut pas dire que c’est l’enfer ailleurs et le paradis chez nous. Nos voisins ont aussi des règles mais nous nous en avons trop et surtout, nous avons trop de bureaucratie et pas assez de courage politique. Une poignée de militants peuvent bloquer un projet pendant des années. On le voit pour l’agriculture, pour des aéroports mais aussi pour des usines. Il faut pouvoir traiter les dossiers beaucoup plus vite et qu’un projet autorisé puisse avancer.

David Barroux

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