Alors que l’activité pique du nez depuis plusieurs mois déjà, l’économie française a encore créé près de 90.000 postes au troisième trimestre. Une performance qui déjoue les prévisions pessimistes de l’INSEE, qui s’attendait à un tiers de moins. Comment expliquer un tel dynamisme ?
450.000 postes ont été créés en France en 1 an
Nous assistons à une véritable métamorphose du marché du travail. Pendant des décennies, l’économie française créait peu d’emplois en période de forte croissance et en détruisait beaucoup dès que la conjoncture ralentissait. Depuis la fin de la pandémie, les règles ont changé, et la France s’est transformée en une véritable « job machine ». Pour vous donner une idée, sur les douze derniers mois, on a créé 450.000 postes, soit à peu près autant qu’entre début 2018 et fin 2019, pourtant deux années de forte croissance. C’est d’abord lié à un effet rebond post-Covid assez logique, c’est aussi le fruit de l’explosion de l’apprentissage et sans doute aussi le résultat de la réforme du Code du travail de 2017, qui a levé les freins à l’embauche.
A lire aussi
Les dirigeants d’entreprises montrent leur volonté de se projeter au-delà de la période actuelle
Mais ce n’est pas une très bonne nouvelle pour la productivité de l’économie française. C’est le revers de la médaille. Quand le marché de l’emploi reste dynamique alors que l’activité ralentit, cela veut dire qu’on a recours à plus de monde pour produire une quantité de richesse à peu près équivalente. A long terme, ce n’est évidemment pas le modèle le plus vertueux pour une économie avancée. Mais dans l’immédiat cela traduit surtout la volonté des dirigeants d’entreprises de se projeter au-delà de la période actuelle. Ils gardent leurs troupes en continuant même à acquérir de nouvelles compétences par crainte d’être entravés, quand l’activité repartira, par des difficultés de recrutement devenues structurelles. Alors bien sûr cela ne peut durer qu’un temps. Si le coup de frein devait se prolonger, le marché de l’emploi serait forcément affecté. En attendant, les nombreuses créations d’emplois engrangées ces derniers mois vont continuer de soutenir les rentrées fiscales et sociales. Et ça, c’est une très bonne nouvelle pour les finances publiques.
François Vidal