La France peine toujours à attirer les talents en provenance de l’étranger, selon l’index mondial publié ce 3 novembre par l’Insead, l’Institut européen d’administration des affaires.
La France est à la 25ème place des pays qui attirent le plus les talents
On parle beaucoup de l’attractivité retrouvée de la France, et c’est vrai que les réformes engagées depuis 2017 ont changé la vision des entreprises sur l’Hexagone, qui est devenue le pays européen qui attire le plus d’investissements étrangers, devant l’Allemagne et devant le Royaume-Uni. Mais dans la guerre que se livre les Etats pour attirer les talents, les résultats sont moins flatteurs. La France fait du surplace, à la 19ème place, dans l’index mondial publié hier par l’Insead. La capacité à produire des talents est intacte – sur ce point la France est 9ème -, en dépit des difficultés du système éducatif. Et il y a même du progrès sur la formation continue.
A lire aussi
Mais le problème reste d’attirer des talents de l’étranger, avec une piètre 25ème place pour l’Hexagone. Sur ce point, la France est devancée par ses voisins, et se situe encore plus loin des pays scandinaves, tous dans le top 10, la Suisse restant leader du classement devant Singapour. On peut noter le recul des Etats-Unis, qui sortent du trio de tête, un résultat lié aux restrictions de visas pour les étudiants étrangers pendant les années Trump.
Beaucoup d’étudiants étrangers de haut niveau ne restent pas en France une fois diplômés
Qu’est-ce qui explique les difficultés de la France ? L’Insead pointe une capacité d’accueil insuffisante pour les étudiants, une trop faible ouverture des entreprises sur l’extérieur, ou encore une inclusion insuffisante des minorités et des immigrants. Beaucoup d’étudiants étrangers de haut niveau ne restent pas une fois diplômés. La France souffre aussi d’un faible rayonnement culturel en dehors du monde francophone. Voilà qui devrait faire réfléchir alors que le gouvernement vient d’ouvrir, avec fracas, le débat sur la réforme de l’immigration, et notamment l’immigration économique. Sur ce point, il n’y a jamais eu de stratégie ambitieuse et assumée. Il y a bien un « passeport talents » depuis 2016, un titre de séjour dédié à ceux qui ont des compétences, mais il reste trop peu utilisé. Un beau sujet, un de plus, à mettre sur la table au Parlement.
Etienne Lefebvre