Depuis le début de l’année, la vente de jus de fruits a reculé de 3% en volume. Ce secteur des boissons non-alcoolisées est le plus impacté par l’inflation, la faute à une crise du transport et de la production de fruits.
La hausse des prix des fruits se répercute à 100% sur les jus
Si j’osais, je vous dirais que le jus de fruits n’a plus la pêche. Il suffit de consulter les chiffres. Depuis le début de l’année, le rayon des boissons non-alcoolisées se porte plutôt bien. Même les ventes de sodas, que l’on range souvent dans la catégorie « malbouffe », progressent de 0,6% en volume et de plus de 6% en valeur. Les boissons énergisantes bondissent même de presque 20%. Même tendance pour les boissons à base de thé, qui gagnent 5% en volume et 10% en valeur. En revanche, les jus de fruits reculent de presque 3% en volume. Le petit déjeuner complet – pain, café et lait – est de moins en moins souvent accompagné d’un verre de jus d’orange.
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Une conjonction de plusieurs facteurs explique cette crise. Parmi toutes les boissons, c’est le segment le plus impacté par l’inflation. Quand le prix des fruits augmente, comme en ce moment, cela se répercute à 100% sur la boisson – ce qui n’est pas le cas pour les limonades. Ensuite, les coûts de transports sont plus élevés car il faut souvent faire venir des fruits du bout du monde, une opération délicate avec la hausse des coûts logistiques. Enfin, sur le marché des fruits et du transport international, la monnaie de référence reste le dollar alors que l’euro a perdu en valeur.
90% des ménages achètent encore régulièrement des jus de fruits
Dernier élément : depuis 2000, la communication des autorités de santé n’inclut plus les jus de fruits dans son objectif des « cinq fruits ou légumes par jour ». On dit que c’est une boisson trop sucrée et à consommer avec modération, ce qui n’aide pas les ventes. Ainsi, le marché est en déclin lent mais continu d’au moins 2% par an depuis 2015. Sur la durée, cela finit par faire un sacré recul. Le marché représente quand même 1,5 milliard d’euros par an ; c’est presque 20% du rayon boissons sans alcool et 90% des ménages achètent encore régulièrement des jus de fruits. Pour inverser la tendance négative, il faudrait pouvoir innover. Mais c’est difficile car l’appellation « jus de fruits » est très encadrée. Pour réduire le taux de sucre, certains coupent le jus avec de l’eau de coco ou proposent des jus concentrés en shots. Mais on a aussi tiré le marché pendant des années en lançant des produits frais et de nouveaux goûts. Il arrive un moment où on arrive sur ce qu’on appelle un marché mature : le réservoir de croissance s’assèche naturellement.
David Barroux