Dans une longue lettre adressée mardi au quotidien britannique The Guardian, le ministre de la Culture ukrainien accuse la Russie de vouloir détruire la culture et la mémoire de son pays. Oleksandr Tkachenko demande que « les œuvres préférées du Kremlin », dont celles de Tchaïkovski, soient suspendues jusqu’à la fin de la guerre.
Oleksandr Tkachenko : « Nous ne parlons pas d’annuler Tchaïkovski, mais plutôt de suspendre les représentations de ses œuvres »
Dans la lettre qu’il a adressée au Guardian, Oleksandr Tkachenko estime que « cette guerre est une bataille civilisationnelle contre la culture et l’histoire ukrainienne ». Le ministre de la Culture ukrainien indique que « dans les territoires occupés, les bibliothèques ukrainiennes ont été liquidées, le mot « Ukraine » a été effacé et les musées ukrainiens ont été détruits. Notre ministère de la politique de la culture et de l’information a enregistré plus de 800 cas de destruction : monuments et œuvres d’art, musées, édifices historiques de valeur ».
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Il précise que le 5 décembre, Vladimir Poutine a signé un décret dans lequel il indiquait que « la culture est un instrument et même une arme entre les mains du gouvernement ». À la fin de cette lettre Oleksandr Tkachenko appelle à boycotter la culture russe. « Nous ne parlons pas d’annuler Tchaïkovski, mais plutôt de suspendre les représentations de ses œuvres jusqu’à ce que la Russie cesse son invasion sanglante » précise-t-il, rappelant au passage la mise à l’écart d’Anna Netrebko au printemps dernier par le Met Opera où elle devait chanter dans Turandot de Giacomo Puccini.
Le Royal Ballet House de Londres ne compte pas déprogrammer Casse-Noisette
Certaines institutions concernées ont déjà répondu à cette injonction qu’elles ne suivront pas. La Scala de Milan a ainsi maintenu les représentations de Boris Godounov qui ont débuté ce mercredi malgré la pression du consul ukrainien. Idem pour l’Opéra de Francfort qui propose en ce moment L’Enchanteresse de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Le Royal Ballet House a indiqué qu’il n’est pas question de déprogrammer le ballet Casse-Noisette qui est donné jusqu’au 14 janvier. La direction de la compagnie londonienne rappelle que le grand compositeur russe avait des origines ukrainiennes (par son grand-père paternel) et que « ses œuvres parlent à toute l’humanité, en opposition directe et puissante à la vision étroite et nationaliste de la culture colportée par le Kremlin ». De son côté, la directrice générale du London Symphony Orchestra a indiqué que son institution à interpréter la musique russe du passé et ne travaille qu’avec des artistes russes « qui ne s’identifient pas à la direction actuelle ».
Philippe Gault