Sir Georg Solti et son Orchestre symphonique de Chicago à Salzbourg

Au programme de ce grand Concert du samedi soir, Sir Georg Solti dirige son orchestre symphonique de Chicago à Salzbourg.

Georg Solti avait de l’énergie à revendre

Peu après sa nomination au poste de directeur musical de l’Orchestre symphonique de Chicago en 1969, Georg Solti (1912-1997) fit l’objet d’une caricature le montrant relié à une dynamo avec la légende suivante : « La solution mondiale au problème de l’énergie ». De l’énergie, le chef hongrois en avait à revendre ! Il n’est que d’observer sa manière de cravacher l’orchestre lors des répétitions, son sens des contrastes dynamiques et de tempos joint à sa gestuelle coupante (là où un Karajan privilégiait les rondeurs) pour en avoir un brillant aperçu. Peu enclin au compromis, Solti appartenait à cette génération de chefs possédant les pleins pouvoirs. Sa personnalité, souvent cassante avec les musiciens ou les institutions qui ne lui donnaient pas entière satisfaction, portait en réalité la marque d’une grande exigence qu’il s’appliquait d’abord à lui-même.

Si l’on en croit le critique britannique Norman Lebrecht, les membres de l’Orchestre du Royal Opera House de Covent Garden, placés sous sa férule de 1961 à 1971, le surnommèrent « le crâne hurleur » ! Engagé comme simple pianiste accompagnateur chez Decca, il réalise son rêve de devenir chef d’orchestre en quelques années, jusqu’à se voir confier le premier enregistrement intégral de la Tétralogie de Richard Wagner (une référence) avec le Philharmonique de Vienne, sans doute l’un des compositeurs auxquels son nom demeure indéfectiblement associé avec Richard Strauss et Béla Bartók (dont il fut l’élève) ; mais on pourrait y adjoindre Gustav Mahler ou Giuseppe Verdi. Aux côtés de Fritz Reiner, Eugene Ormandy, George Szell, Ferenc Fricsay ou István Kertész, Georg Solti – devenu Sir Georg Solti en 1972 après s’être fait naturalisé britannique et anobli – s’inscrit dans le sillage de ces chefs hongrois qui auront marqué l’art de la direction d’orchestre au siècle dernier.

 

Au programme figurent des œuvres de Liszt et de Berlioz

Si ses enregistrements studio – du lyrique au symphonique, en passant par quelques échappées dans la musique de chambre en qualité de pianiste – constituent l’épine dorsale de son importante discographie, quelques captations live témoignent sans doute davantage du magnétisme qu’il exerçait à la fois sur les musiciens et le public. Le chef comptait parmi les invités réguliers du prestigieux festival de Salzbourg, comme en témoigne ce concert de juin 1992 avec son Orchestre de Chicago. Au programme, figurent le poème symphonique Les Préludes de Liszt et la Symphonie fantastique de Berlioz. En complément, Francis Drésel nous propose diverses interprétations de Solti en tant que pianiste ou chef, notamment à la tête du Philharmonique de Vienne (Symphonie n° 1 « Titan », 1964).

Jérémie Bigorie

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