Philippe Jaroussky continue de nous subjuguer au fil des années avec sa voix cristalline et son insatiable curiosité. Le chanteur a pourtant découvert sa vocation de contre-ténor par hasard. Au faîte de sa carrière, il a ressenti « le besoin de donner à d’autres » et a créé une Académie qui porte son nom à la Seine musicale.
Philippe Jaroussky en 5 dates :
- 1978 : naissance à Maisons-Laffitte
- 1996 : découvre la voix de contre-ténor en assistant à un concert
- 1999 : début de sa carrière de chanteur
- 2004 : 1ère Victoire de la musique
- 2017 : ouverture de l’Académie Jaroussky à la Seine musicale
De l’abbaye de Royaumont à Artaserse : un parcours à couper le souffle avec les plus grandes phalanges du baroque
Philippe Jaroussky nous enchante depuis plus de vingt ans par son timbre hors du commun. Sa carrière a démarré en 1999, lorsque Gérard Lesne lui propose un rôle dans un oratorio de Scarlatti alors qu’il suit un stage à l’abbaye de Royaumont. Cela fait alors à peine trois ans qu’il étudie le chant. Les collaborations avec les grands ensembles baroques se sont vite enchaînées, de Jean-Claude Malgoire à L’Arpeggiata de Christina Pluhar, en passant par Jean-Christophe Spinosi et son Ensemble Matheus. En 2002, Philippe Jaroussky crée son propre ensemble : Artaserse. Il peut désormais explorer toutes les partitions baroques qu’il souhaite, y compris des œuvres complètement oubliées aujourd’hui. La curiosité de Philippe Jaroussky n’a pas de limite ! Trois Victoires de la musique viennent couronner ce brillant parcours (« Révélation artiste lyrique » en 2004, et « Artiste lyrique de l’année » en 2007 et 2010).
Philippe Jaroussky chante « Lascia chio pianga » de Haendel
Pourtant rien ne prédisposait Philippe Jaroussky à une carrière d’artiste
Même si sa mère aimait écouter des disques de Callas à la maison, ce n’est qu’à onze ans que Philippe Jaroussky débute la musique, grâce à un professeur de collège charismatique. Il se met au violon, puis au piano. Il chante souvent pour son plaisir, en cherchant à reproduire les sonorités aiguës du violon. Ce qui l’amène à toujours tout chanter en « voix de tête », qu’il s’agisse de chansons entendues à la radio ou des tubes du classique. Le déclic ne s’est vraiment produit qu’à dix-huit ans, lorsqu’il assiste à un concert du contre-ténor Fabrice di Falco. Une révélation ! Philippe Jaroussky se lance alors dans le chant et le succès est vite au rendez-vous. En 2003, il retrouve Fabrice di Falco dans Agrippine de Haendel, une production de l’Atelier lyrique de Tourcoing avec Jean-Claude Malgoire. Mais cette fois les deux artistes sont sur scène…
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Côté disque, il enregistre des tubes de Vivaldi et de Haendel mais exhume aussi des œuvres méconnues
Celui qui confie « si je n’avais pas été musicien, j’aurais adoré être peintre », nous offre depuis vingt ans un répertoire aux couleurs variées. Pyrotechnie vocale ou arias planants, Philippe Jaroussky exécute tout avec une facilité déconcertante, pour le plus grand bonheur du public. Si les incontournables du baroque sont présents dans sa discographie (Bach, Vivaldi, Haendel, Monteverdi, Pergolèse), sa curiosité naturelle le pousse à ne pas s’y limiter. Bien au contraire. Caldara, Vinci ou Porpora font partie des nombreux compositeurs qu’il a souhaité tirer de l’oubli. Une démarche proche de celle de Cécilia Bartoli, une artiste qu’il apprécie beaucoup. On a d’ailleurs eu l’occasion de les entendre ensemble sur scène, comme en 2012 dans Jules César de Haendel au Festival de Salzbourg. Mais Philippe Jaroussky s’est aussi aventuré dans des époques où on ne l’attendait pas. On l’a ainsi retrouvé dans de la musique contemporaine (notamment la création des Sonnets de Marc-André Dalbavie en 2008) et dans des mélodies françaises du tournant du XXe siècle (albums « Opium » en 2009 et « Green » en 2015 avec le pianiste Jérôme Ducros et le Quatuor Ébène). Un défi relevé avec brio.
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L’Académie Jaroussky à la Seine musicale est née d’une grande envie de partager
Si le public l’aime tant, c’est aussi parce que Philippe Jaroussky sait rester simple et accessible. Y compris sur les plateaux de télévision où il ose défendre les couleurs du classique. Les années passant, une envie est venue de ne pas seulement partager la musique avec le public mais aussi de transmettre sa passion. Philippe Jaroussky a donc créé une académie à la Seine musicale en 2017. Il y enseigne le chant à de jeunes professionnels, mais participe aussi à un apprentissage gratuit de la musique à des enfants. « Je ressens le besoin de donner à d’autres la chance qui m’a été accordée. Il existe beaucoup de programmes éducatifs autour du sport, mais les mêmes qualités peuvent être développées par la pratique d’un instrument de musique, et c’est très précieux pour un enfant, même s’il ne devient pas musicien plus tard. » Cette académie n’est au demeurant pas réservée à la pratique vocale. David Kadouch y enseigne le piano, Geneviève Laurenceau et Christian-Pierre La Marca respectivement le violon et le violoncelle. Signe de sa popularité auprès du public, Philippe Jaroussky est entré au musée Grévin en novembre 2019.
Philippe Jaroussky présente son Académie alors que à la Seine Musicale est encore en chantier
Sixtine de Gournay
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