Paris : 5 quartiers mythiques où ont vécu de célèbres compositeurs

Paris, la ville-lumière. Saint-Saëns et Couperin y sont nés, Chopin l’a choisie pour vivre son exil. Et si vous (re)visitiez la capitale sous l’angle de la musique ? On vous livre 5 quartiers à redécouvrir grâce aux compositeurs qui y ont vécu.

Chopin s’installe avec George Sand dans la Nouvelle Athènes du 9ème arrondissement

Au début du XIXème siècle, Paris subit de gros travaux d’urbanisme. Un nouveau quartier voit le jour dans ce qui deviendra le 9ème arrondissement. On l’appelle la Nouvelle-Athènes, à cause des colonnes et chapiteaux de son architecture néoclassique. C’est là qu’élisent domicile nombre d’artistes romantiques : les compositeurs Berlioz et Liszt, les peintres Delacroix et Ary Schaeffer – dont la maison est devenue le Musée de la Vie romantique –, l’écrivain Alexandre Dumas, ou encore la comédienne Mademoiselle Mars. Tout ce petit monde se connaît. On s’invite, on se montre ses dernières œuvres, on discute art et parfois politique.
En 1831, Chopin s’installe à Paris. Boulevard Poissonnière, rue de la Chaussée d’Antin, rue Pigalle… il affectionne le 9ème ! En 1842, il s’installe Square d’Orléans avec sa maîtresse, la romancière George Sand. Les amants louent cependant deux appartements séparés, l’une au 1er étage du n°5 et l’autre au rez-de-chaussée du n°9. Sans doute une manière pour les deux créateurs de se ménager du calme et de l’indépendance. Peut-être George Sand n’avait-elle pas non plus envie de voir défiler chez elle tous les élèves de Chopin.

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Couperin est né dans le Marais, et perpétue la tradition familiale à la tribune de l’église Saint-Gervais

L’histoire de la dynastie Couperin à l’église Saint-Gervais commence avec Louis, nommé titulaire des grandes orgues en 1653. Son frère Charles lui succède et s’installe dans un appartement juste à côté, rue du Monceau Saint-Gervais – aujourd’hui près de l’Hôtel de Ville. C’est là que naît son fils François en 1668. Mais le garçon n’a que onze ans lorsque Charles décède : le voilà un peu jeune pour tenir les jeux et le pédalier chaque dimanche ! On décide de lui réserver la charge, et on trouve un intérimaire dans l’intervalle. Ce sera Michel-Richard Delalande. A 18 ans, François est prêt à prendre la relève. Il y restera jusqu’à sa mort en 1733 – non sans cumuler avec l’orgue de la Chapelle Royale de Versailles, où il a probablement été introduit par Delalande. D’autres membres de la famille se succèdent ensuite à la tribune. L’orgue de Saint-Gervais restera ainsi entre les mains des Couperin jusqu’en 1826, soit 123 ans de dynastie familiale dans la même église. Qui dit mieux ?

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A Montmartre, Erik Satie fréquente le cabaret du Chat Noir

Erik Satie n’est pas né dans la capitale mais en Normandie, à Honfleur. Il suit son père à Paris à 12 ans, et quitte le domicile paternel dès qu’il atteint sa majorité – alors fixée à 21 ans – en 1887. Il s’installe au 6 rue Cortot, dans le quartier de Montmartre. L’atmosphère du Chat Noir lui plaît. Il dirige le petit orchestre du cabaret, et accompagne le théâtre d’ombres à l’harmonium.
Le Chat Noir a ouvert en 1881 sur le boulevard de Rochechouart, avant de déménager au 68 boulevard de Clichy. Ce cabaret montmartrois, fondé par Rodolphe Salis, se distingue par une décoration pseudo-médiévale et une enseigne en tôle devenue célèbre, réalisée par Willette : un chat noir sur un croissant de lune. On vient y applaudir des chansonniers, comme Aristide Bruand. Poètes, peintres, et amateurs de gouaille forment une clientèle bigarrée et souvent avinée. Satie résidera une dizaine d’année à Montmartre, avant de déménager à Arcueil.

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Rossini à Passy et Debussy près de l’Arc de Triomphe : le 16ème a vu mourir des génies

A la fin de sa vie, Rossini s’installe à Paris. Il connaît bien la capitale pour y avoir dirigé le Théâtre Italien pendant la Restauration. Il passe ses étés dans une villa à Passy, qui est à l’époque une commune indépendante et ne sera rattachée à Paris qu’en 1860. C’est dans cette retraite paisible que Rossini compose la Petite Messe solennelle.
Au début du XXème siècle, l’avenue Foch s’appelle encore l’avenue du Bois de Boulogne. Proust décrit dans A La Recherche du Temps perdue ce lieu incontournable de la vie mondaine, où calèches et piétons se saluent ou s’ignorent. C’est sur cette artère chic que s’installe Debussy en 1905, dans une rue privée à deux pas de l’Arc de Triomphe – aujourd’hui Square de l’Avenue Foch. Il vient de quitter sa femme Lilly pour Emma Bardac, l’ancienne maîtresse de Gabriel Fauré. Leur fille « Chouchou » naît en octobre la même année, à peine deux mois après que le divorce ait été prononcé. Le scandale est énorme, d’autant plus que l’ex-épouse fait une tentative de suicide ! Debussy se marie finalement avec Emma trois ans plus tard, et vivra avec elle à cette adresse jusqu’à sa mort en 1918.

« Doctor Gradus ad Parnassum » des Children’s corner, l’album pour piano composé par Debussy pour sa fille Chouchou (Lang Lang).
 

 

Saint-Saëns grandit dans le 6ème arrondissement, où meurt Francis Poulenc

Saint-Saëns naît en 1835 rue Jardinet, près du Carrefour de l’Odéon. Il est baptisé à Saint-Sulpice, dont il deviendra organiste titulaire à seulement 27 ans, après avoir officié à l’église Saint-Merri (près de l’actuel Centre Pompidou) et à La Madeleine. En 1876, il revient s’installer dans le 6ème arrondissement avec son épouse et leurs deux fils en bas âge, rue Monsieur-le-Prince. Il y reste jusqu’en 1889. De cette période datent son 3ème Concerto pour violon, la Havanaise, la 3ème Symphonie avec orgue, ou encore Le Carnaval des animaux. Hélas, deux drames vont avoir raison du couple : la chute mortelle de leur aîné depuis le balcon de l’immeuble, et le décès du second en nourrice. Avec de tels souvenirs, on comprend que Saint-Saëns ait fini par fuir Paris des années plus tard. Il passe alors le plus de temps possible en Algérie, officiellement pour sa santé, même si les rumeurs insinuent plutôt qu’il aurait apprécié au soleil une compagnie masculine.
Toujours dans le 6ème arrondissement, vit un autre compositeur : Francis Poulenc. Son oncle possède un appartement rue de Médicis, près du jardin du Luxembourg. Poulenc commence par habiter une chambre de bonne au dernier étage pendant 10 ans puis, à la mort de son oncle, récupère l’appartement. C’est là qu’il compose son Concerto pour piano et son opéra Dialogues des Carmélites. Il s’éteint à cette adresse en 1963.

Sixtine de Gournay

 

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