« Trimestre anti-inflation » : Pourquoi le gouvernement joue la montre dans ce dossier brûlant

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Le panier alimentaire anti-inflation ne verra finalement pas le jour. Mais cela n’a pas empêché Bruno Le Maire d’annoncer, hier, le lancement d’un trimestre anti-inflation dans la grande distribution.

 

Les prix alimentaires s’apprêtent à progresser de 10% dans les prochains mois

Dans cette affaire, le gouvernement s’en sort plutôt bien et à bon compte car le risque existait au plus fort de la mobilisation contre la réforme des retraites. Un second front s’ouvre sur la question du pouvoir d’achat. Il faut dire qu’après avoir augmenté de plus de 14% en un an, les prix alimentaires s’apprêtent à progresser encore de 10% en moyenne dans les prochains mois. Or, personne ne voulait entendre parler du panier anti-inflation d’une cinquantaine de produits poussé par Bercy. Ni les distributeurs, qui redoutaient le retour du commerce administré, ni la FNSEA qui y voyait la promesse d’un retour de la guerre des prix dans la filière agroalimentaire fatal aux agriculteurs. Finalement, chaque distributeur, à l’exception de Leclerc, va donc proposer ses propres offres à bas prix pour garantir l’accès des ménages à des produits de première nécessité bon marché.

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Ces initiatives vont-elles éteindre le débat sur l’érosion du pouvoir d’achat alimentaire ? Sûrement pas, non. Au total, les initiatives anti-inflation des distributeurs devraient représenter un effort d’un peu plus de 200 millions d’euros. Ce n’est pas rien, mais ça reste relativement limité au regard des enjeux. Et surtout, c’est conforme à ce que les enseignes font habituellement à travers leurs promotions commerciales. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bercy a relancé, dès hier, le projet d’un chèque alimentaire destiné aux ménages modestes. Mais cette mesure ciblée, qui fera l’objet d’expérimentations au niveau départemental, aura également une portée limitée. En fait, sur ce dossier, le gouvernement n’a d’autre choix que de jouer la montre en espérant que le coût des matières premières agricoles commencera à fléchir assez vite. C’est dans cet espoir que Bruno Le Maire a annoncé hier, qu’il demanderait aux grands industriels de rouvrir les négociations avec la grande distribution dès le mois de juin. D’ici là, il faudra prendre son mal en patience.

François Vidal

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