Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique. Il a exprimé une vive inquiétude au sujet de l’inflation, estimant qu’elle pourrait grimper à 7% cet été. Il note aussi un changement de comportement de ses clients, qui cherchent davantage les promotions.
Les clients regardent davantage les promotions et achètent en priorité des premiers prix ou des marques de distributeurs
L’Insee prévoit une inflation à 5,4% au mois de juin, et « le pire est devant nous ». La formule du ministre de l’Economie Bruno Le Maire correspond à l’analyse faite par Michel-Edouard Leclerc, qui décrit la situation ainsi : « on est au milieu du gué et l’eau commence à monter ». Il estime que l’inflation pourrait même grimper à 6 ou 7% cet été. Une situation d’autant plus inquiétante que l’effet de la guerre en Ukraine ne se fait pas encore sentir : « la première vague d’inflation dans les magasins français a eu lieu en octobre/septembre », liée, selon Michel-Edouard Leclerc aux effets de la loi Egalim2, destinée notamment à payer le juste prix aux producteurs. A cela s’est ajoutée une météo défavorable, particulièrement sur le blé, et le retour de la grippe aviaire.
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Dans ce contexte de hausse des prix, la fréquentation dans les magasins a changé, explique le patron des magasins Leclerc : « la consommation est beaucoup plus erratique, les caddies sont plus petits, autour de 40 euros, plutôt que 70 euros habituellement et les visites plus fréquentes ». Il indique aussi que les clients regardent davantage les promotions et achètent en priorité des premiers prix ou des marques de distributeurs. « Il y a des déclassements de gammes », poursuit Michel-Edouard Leclerc, « au lieu d’acheter un joli cru, on va prendre un vin d’une gamme un peu en dessous », et certains clients sont désormais « à 5 euros près ». Il précise que le bio souffre particulièrement de ces changements d’habitude, et que les consommateurs « découvrent qu’acheter un produit bio, c’est 50% plus cher qu’un produit nature ». Dernier phénomène significatif constaté par le président du comité stratégique des magasins Leclerc, les clients font leurs courses dans plusieurs enseignes, pour bénéficier des promotions chez Lidl, Intermarché, Action ou Leclerc.
Béatrice Mouedine