Martin Bouygues a demandé le report de l’attribution des fréquences 5G, qui devrait rapporter plus de 2 milliards d’euros à l’Etat. Il juge que les investissements pour décupler la puissance du réseau sont colossaux pour les opérateurs et tombent au plus mal, dans un contexte de crise économique.
« Dans le climat économique d’aujourd’hui, la 5G n’est pas la priorité du pays », pour Martin Bouygues
Un nouvel acteur demande le report des enchères pour l’attribution des fréquences 5G, cette nouvelle technologie de téléphonie mobile et surprise, c’est l’un des acteurs potentiels de ce marché, à savoir Martin Bouygues, propriétaire de l’opérateur télécom qui porte son nom. C’est assez surprenant puisque jusqu’ici, l’opposition à cette nouvelle norme venait plutôt de particuliers inquiets pour les effets présumés de la 5G sur la santé – ce qui n’a jamais été prouvé – ou pour l’impact environnemental potentiel de la 5G, notamment en termes de consommation d’énergie.
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La demande de report émanant de l’un des leaders de la téléphonie mobile en France est un véritable coup de tonnerre pour le secteur. Martin Bouygues demande un nouveau délai davantage pour des raisons économiques que pour des questions de santé ou d’écologie. « Dans le climat économique d’aujourd’hui, la 5G n’est pas la priorité du pays », explique-t-il dans un entretien accordé au Figaro. « J’en appelle à la raison. On ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé depuis deux mois ».
Martin Bouygues demande le report des enchères 5G en France https://t.co/Lj0HQEEfcu
— Les Echos (@LesEchos) May 23, 2020
La 5G demande en effet beaucoup d’investissements aux opérateurs : il faut installer de nouvelles antennes, plus nombreuses et à cela s’ajoute le coût de la licence pour obtenir des fréquences 5G. On parle tout de même d’une facture potentielle de 350 millions d’euros par bloc de fréquences.
SFR plaide pour une accélération du développement de la 4G en milieu rural
A sa façon, Martin Bouygues met la pression sur le gouvernement concernant le prix de ces licences. Doit-on vraiment payer le prix demandé par l’Etat, un prix fixé en pleine euphorie économique, alors que la crise du coronavirus a plongé la France en récession ? C’est bien le problème pour les opérateurs. Si la 5G ne va pas changer grand-chose pour vous et moi, elle est en revanche perçue comme une technologie d’avenir pour l’industrie et pour la voiture autonome. Il est vrai qu’avec cette crise qui a laminé leur marge, l’industrie aura peut-être d’autres chats à fouetter que de dépenser des fortunes dans la 5G.
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Martin Bouygues peut être entendu, mais tout dépendra de savoir si Bouygues sera seul à prêcher dans le désert. Pour l’instant, il est soutenu du bout des lèvres par son concurrent SFR, qui plaide pour une accélération du développement de la 4G en milieu rural. De son côté, le gendarme des télécoms, l’Arcep, s’est dit étonné par cette sortie médiatique. D’autant que les enchères qui devaient avoir lieu en avril ont déjà été repoussées à une date ultérieure, en juillet ou cet automne.
Mauvaises ondes sur la 5G https://t.co/x6UB1sLaqC
— Fay Pierrick (@pierrickfay) April 20, 2020
Quant à l’Etat, il compte pour l’instant sur les revenus de cette vente, estimés à plus de 2 milliards d’euros dans un contexte difficile, pour les finances publiques. Il ne voudra sans doute pas non plus prendre trop de retard sur les pays qui sont déjà passés à la 5G, comme la Corée du Sud, l’Italie ou les Etats-Unis.