La guerre est déclarée dans le petit monde des vétérinaires. Il n’y a pas que les chiens qui mordent ou les chats qui griffent. Entre vétérinaires aussi, l’heure est aux échanges de noms d’oiseaux et aux procès. Deux camps s’affrontent pour un marché qui pèse plus de 4 milliards d’euros.
D’un côté, il y a les vétérinaires qu’on pourrait qualifier de « canal historique ». Il s’agit de ceux qui sont chez eux, dans leur cabinet ou leurs cliniques, et qui mènent leur barque seuls. Ce sont des entrepreneurs, défenseur d’une profession libérale.
De l’autre, vous avez les vétérinaires capitalistes de nouvelle génération. Ils unissent leurs forces et ouvrent des cliniques modernes, parfois 24h/24, des établissements souvent suréquipés. Mais pour financer tout cela, ils s’associent à de grands groupes qui prennent une bonne partie du capital en échange des financements qu’ils apportent.
Cela déclenche une guerre entre les deux camps, notamment parce qu’il faut se partager un gâteau assez juteux. Le marché de la santé animale pèse 4,3 milliards d’euros en France et est en hausse d’au moins 5 % par an, selon le cabinet Xerfi.
Nestlé et Mars, les champions des croquettes pour chiens, sont entrés au capital de cliniques vétérinaires
On possède de plus en plus d’animaux domestiques et on prêt à dépenser de plus en plus pour eux. Hier, on piquait une bête malade. Aujourd’hui on propose des IRM, des greffes, des traitements lourds. Un vétérinaire seul ne pas forcément faire face. Il faut financer des machines à plusieurs centaines de milliers d’euros, il faut ensuite multiplier les clients pour rentabiliser donc il faut être plusieurs, il faut des adjoints, du personnel.
C’est pour cela qu’on voit exploser le nombre de cliniques et cela pose problèmes aux indépendants qui disent que c’est illégal, car le Code rural, qui régit cette activité, prévoit que les vétérinaires doivent être majoritaires au capital des structures et que les fournisseurs ne peuvent être actionnaires. Or, les cliniques ont souvent fait entrer au capital des groupes comme Nestlé ou Mars qui sont les champions des croquettes.
La croissance des cliniques nouvelle génération est hyper rapide
Aujourd’hui, les cliniques nouvelles génération ne représentent qu’un millier des 6.500 établissements de soin. On parle de 4.000 vétérinaires sur un total de plus de 21.000. L’ancien monde contrôle donc encore à 85 ou 90% l’activité.
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Mais la dynamique est en faveur des nouveaux acteurs qui ne représentaient que 2% du marché en 2019 mais sans doute autour de 15% aujourd’hui. Leur croissance est hyper rapide. Ils ont de l’argent. Ils arrivent à attirer des vétérinaires alors qu’on n’en forme pas assez. En fait, il se passe sur ce marché ce qui passe aussi chez les dentistes ou d’autres établissements de soins pour humains, le business s’industrialise et on passe d’un monde d’entrepreneurs à un monde avec de plus en plus de salariés bien payés, qui s’enrichiront moins, mais qui prennent aussi moins de risques.
David Barroux