La guerre est déclarée dans le petit monde des vétérinaires. Il y a aujourd’hui plus de 60 millions d’animaux domestiques en France. Et même si les chiens et les chats vont moins souvent chez le médecin que les humains, le business des vétérinaires est en croissance.
Les vétérinaires indépendants sont concurrencés par des cliniques privées appartenant à des groupes anglo-saxons
Au début des années 90, il y avait 500 nouveaux vétérinaires par an. En 2019, on a passé pour la première fois la barre des 1.000. Et on a de plus en plus de vétérinaires urbains pour animaux domestiques et de moins en moins de vétérinaires des champs pour ce qu’on appelle les animaux de rente. Tout pourrait aller parfaitement bien dans ce petit monde en croissance mais en fait c’est la guerre.
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Le gâteau grossit parce qu’on dépense de plus en plus pour nos toutous et nos minets. Surtout qu’il n’y a pas la Sécu pour encadrer les dépenses. On est prêt à payer pour des opérations chirurgicales de plus en plus coûteuses, et forcément cela aiguise des appétits et nourrit la concurrence. Pendant longtemps, les vétos étaient des indépendants. Ils ont commencé à se regrouper en clinique pour mutualiser des investissements et des expertises. Mais aujourd’hui, ils sont de plus en plus concurrencés par des cliniques privées appartenant à des groupes anglo-saxons, qui transforment le vétérinaire en salarié.
Mars et Nestlé, qui produisent des croquettes pour chiens et chats, ont investi dans des cliniques vétérinaires privées
Pour les vétérinaires de l’école historique, ce capitalisme qui s’invite c’est une forme de concurrence déloyale et illégale et ils demandent à l’Ordre des vétérinaires de fermer des établissements. Que reprochent-ils à ces cliniques privées ? Sur les quelque 19.000 vétérinaires en France, plus du tiers sont déjà des salariés, mais demain tout le business pourrait être capté par des géants, qui comme aux Etats-Unis sont les seuls à pouvoir investir massivement dans de l’équipement chirurgical dernier cri. Cela risquerait de ringardiser les indépendants.
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Les indépendants attaquent en disant que souvent les cliniques appartiennent à des groupes qui sont en plein conflit d’intérêt. Les géants des cliniques sont en effet Mars et Nestlé qui sont aussi les champions des croquettes pour chiens et chats. Et on les accuse de pousser leurs vétérinaires à faire la pub de leurs croquettes. Le paradoxe, c’est qu’aujourd’hui, ce sont les vétos qui ont la rage et qui sont prêts à mordre.
David Barroux