RODRIGO Joaquin

(1901-1999) Epoque moderne

L’œuvre de Rodrigo est un hommage aux cultures de l’Espagne, à la diversité des sources folkloriques et des influences reçues tout au long de l’histoire du pays. Elle domine la seconde moitié du XXe siècle et s’impose avec un optimisme jamais pris en défaut.

Joaquin Rodrigo en 10 dates :

  • 1901 : Naissance à Sagunto, province de Valence
  • 1904 : Perte de la vue
  • 1923 : Premières compositions
  • 1927 : Cours avec Paul Dukas à l’Ecole normale de musique de Paris
  • 1935 : Sonada de adiós dédiée à Paul Dukas
  • 1939 : 1er septembre, retour en Espagne
  • 1940 : Création du Concerto d’Aranjuez, le 9 novembre
  • 1954 : Fantaisie pour un gentilhomme
  • 1967 : Concerto andalou
  • 1999 : Mort à Madrid

 

Aveugle, le compositeur écrit ses oeuvres en braille ou les dicte

Fils d’une famille modeste de dix enfants, Joaquin Rodrigo perd la vue à l’âge de trois ans en raison d’une épidémie de diphtérie. Cinq ans plus tard, il  débute des études de musique : piano, violon et composition sous la férule de professeurs du Conservatoire de Valence. Dès ses premières œuvres, Rodrigo écrit en braille. Par la suite, il les dictera. De 1923 datent Deux Esquisses pour violon et piano, une Suite pour piano et Siciliana pour violoncelle et piano. Juglares est la première œuvre symphonique du jeune musicien. Elle est créée à Valence puis redonnée à Madrid, en 1924. Avec 5 piezas infantiles, il reçoit le Diplôme d’honneur au Concours national qui le signale à l’étranger. A Paris, l’Orchestre Straram programme sa pièce.

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Rodrigo quitte l’Espagne pour se faire connaître à Paris, avant de rentrer dans son pays

Tout comme ses illustres compatriotes espagnols, le jeune Joaquin Rodrigo part étudier en France. Là, sa personnalité ne tarde pas à émerger. En 1927, il se rend donc à Paris où il étudie dans la classe de Paul Dukas à l’Ecole normale de musique. En 1933, il épouse la pianiste turque Victoria Kamhi. En 1935, Rodrigo dédie sa Sonada de adiós qu’il a composée à Salzbourg, à la mémoire de son maître qui vient de disparaître. Au cours de ses années parisiennes, il se lie d’amitié avec Arthur Honegger, Darius Milhaud, Maurice Ravel, Manuel Ponce et un autre musicien espagnol, Manuel de Falla. Durant cette période, il compose plusieurs pièces remarquables dont les mélodies Cantico de la esposa et le poème symphonique Per la flor del lliri blau.

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Il poursuit des études de musicologie puis voyage en Europe. Durant la Guerre civile espagnole, il reste en Allemagne où il enseigne. A la fin du conflit espagnol, il retourne dans son pays. Il y arrive le 1er septembre 1939, alors qu’une autre guerre embrase l’Europe. Il s’installe à Valence puis définitivement à Madrid, en 1939. Joaquin Rodrigo est alors une personnalité incontournable de l’Espagne, assurant les charges et fonctions de professeur, critique musical, conférencier et conseiller musical à la radiodiffusion nationale.

 

Le coup de génie du Concerto d’Aranjuez, où la guitare rend hommage à l’Espagne du passé

Si les premières œuvres de Rodrigo subissent l’influence des compositeurs français, mais aussi de Stravinski, la personnalité du musicien espagnol s’affirme rapidement. Il se révèle avant tout un mélodiste, passionné par la guitare et la voix. En témoigne le nombre imposant de ses mélodies.

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Au sein d’un catalogue réunissant cent-soixante-dix œuvres, on compte pas moins de onze concertos pour divers instruments ainsi que des partitions dédiées au théâtre et au cinéma. Le guitariste Regino Sainz de la Maza le sollicite également pour un nouveau concerto pour guitare. Il en assure la création mondiale, le 9 novembre 1940. Le Concerto d’Aranjuez est un triomphe. L’œuvre est bientôt donnée dans le monde entier. La partition évoque l’Espagne « d’avant », peignant en musique Aranjuez, la ville de la Nouvelle Castille, qui renferme un palais du XVIIIe siècle et des jardins d’une grande beauté.

Adagio du Concerto d’Aranjuez (Pablo Sáinz-Villegas)

 

 

La Fantaisie pour un Gentilhomme est l’un des 5 concertos pour guitare de Rodrigo

En 1948, les célébrations entourant le 400e anniversaire de la naissance de Cervantès lui inspirent le poème symphonique Ausencias de Dulcinea pour voix et orchestre. En 1954, une autre partition d’importance voit le jour : la Fantaisie pour un gentilhomme  pour guitare et orchestre, que joue son dédicataire, Andrès Segovia. Joaquin Rodrigo voyage beaucoup à l’étranger. Il est considéré comme l’ambassadeur de la musique classique espagnole. De ses cinq concertos spécifiquement dédiés à la guitare, on ne peut omettre le Concerto madrigal pour deux guitares. Commande d’Alexandre Lagoya et d’Ida Presti, l’œuvre est créée à Los Angeles en 1970 par Angel et Pepe Romero. Sa forme est davantage celle d’une suite que d’un concerto. En 1986, Rodrigo compose sa dernière pièce d’importance, le Cántico de San Francisco de Asis pour chœur et orchestre. Il meurt le 6 juillet 1999 à Madrid, à l’âge de 98 ans.

 

Stéphane Friédérich

 

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