Coronavirus : Le gouvernement a tenu « un discours de minimisation pendant des semaines » assure Bruno Retailleau

Bruno Retailleau était l’invité de la matinale de Renaud Blanc ce mardi 17 mars. Le président du groupe Les Républicains au Sénat a fustigé la « minimisation du virus » par le gouvernement pendant « des semaines ». Il a rejeté les critiques en irresponsabilité, des « chicayas » à ses yeux, après avoir milité pour le maintien des municipales dimanche. Il espère aussi que le report de la reforme des retraites conduira à son « annulation ».

« On est dans un état de guerre », souligne Bruno Retailleau

« Je n’ai pas d’excuses à trouver à nos compatriotes ». Bruno Retailleau a déploré le comportement de nombreux Français, décidés à sortir de chez eux ce week-end malgré les recommandations du gouvernement. Il a toutefois pointé du doigt les revirements de doctrines au sein de l’exécutif, responsables d’un flou dans l’opinion publique selon lui. « Pendant des semaines et des semaines, on nous a tenu un discours de minimisation du virus. Après, ce message contradictoire n’est pas passé tout de suite ». 

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Le président du groupe Les Républicains au Sénat a estimé suffisantes les mesures annoncées hier soir par Emmanuel Macron. Il a notamment apprécié la sémantique guerrière de son discours : « On est dans un état de guerre, je souscris à cette analyse. Il a même dit en parlant du personnel soignant : « ils ont des droits sur nous ». Cette phrase a été prononcée par Georges Clemenceau, dans son discours de la victoire de 1918″ dans lequel « il parlait de ceux qui avaient combattu ».« 

 

 

« Ce langage guerrier est le bon langage », a-t-il jugé, bien qu’il aurait préféré voir s’ajouter au vocabulaire du président le mot de « confinement » ; une nécessité au nom du devoir de « clarté ».

 

 

Bruno Retailleau assure que le Premier ministre lui a parlé d’un « confinement à l’italienne »

« Il ne faut pas qu'(Emmanuel Macron) ait peur de brusquer les Français. Quand il y a des mesures de confinement, je crois qu’il faut prononcer le mot ». Car confinement « à l’italienne » il y aura, a-t-il assuré : « Hier, j’étais avec Gérard Larcher, avec les présidents de groupes à l’Assemblée et au Sénat en visio-conférence avec le Premier ministre. On nous a parlé de confinement à l’italienne », a-t-il révélé. La droite, à laquelle appartient Bruno Retailleau, a été tancée ces dernières heures pour avoir martelé en fin de semaine dernière sa position en faveur du maintien des municipales, malgré l’épidémie de coronavirus.

 

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« Je ne veux pas me défausser mais on prend ces décisions en fonction des éléments qu’on nous donne, s’est-il défendu. J’étais à la réunion pendant deux heures et demi avec le Premier ministre jeudi dernier. On nous a dit : le Comité scientifique ne recommande pas le passage au stade 3. On reste au stade 2, on ne préconise aucune mesure de confinement, on ne préconise pas le report du premier tour des municipales ».

 

 

« Il y a avait tous les chefs de partis ; pas un évidemment n’a élevé la voix », a argué Bruno Retailleau avant de clore le débat. « Laissons ces chicayas derrière nous. Le premier tour ne s’est pas trop mal passé. Nous devons nous rassembler et mener une grande bataille. Nous avons des vies à sauver. »

 

 

Vers des municipales rejouées à la rentrée ?

Bien que l’abstention aux élections dimanche ait atteint un niveau record – 55,34% à l’échelle nationale – les maires élus dès le premier tour n’ont pas de problème de légitimité pour le sénateur de Vendée, qui s’est permis un parallèle avec un précédent rendez-vous des Français avec les urnes. « Le référendum en 2000 sur le quinquennat, il y avait eu 70% d’abstention. J’ai eu le Premier ministre hier matin. Le premier tour dans 30.000 communes est définitif », a-t-il assuré avant de concéder que « si l’épidémie dure trop, il faudra rejouer l’élection à la rentrée ».

 

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Beaucoup ont affirmé, ces derniers jours, que le code électoral prévoit une durée d’entre-deux-tours maximale, au-delà de laquelle l’élection toute entière serait invalidée. « La Constitution, je suis formel, n’impose pas une distance calendaire entre-deux-tours », a garanti de son côté Bruno Retailleau. « L’article 56 du code électoral » insiste seulement sur « la sincérité du scrutin ». « Au-delà de juin, vraisemblablement que la sincérité du scrutin serait altérée ». 

 

Les Républicains pensent conquérir Metz, Biarritz ou Orléans

Le bilan du premier tour des élections est en demi-teinte pour le parti Les Républicains de Bruno Retailleau, après un score historique enregistré lors des précédentes municipales. « En 2014, la droite avait atteint le record absolu de la 5e République. On avait eu les 2/3 des communes de plus de 9.000 habitants. Nous serons à ce chiffre », a-t-il pris le pari. « Nous allons même sans doute conquérir Metz, Biarritz, reconquérir Orléans… » Mais le tableau n’est pas tout blanc. Rachida Dati n’est pas en posture favorable à Paris, avec près de 10 points de retard sur Anne Hidalgo.

 

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La situation n’est pas à l’avantage non plus de LR à Bordeaux, mais également à Marseille, où deux candidats de droite s’affrontent. « Paris, ce n’est pas une toise. Cela fait malheureusement des décennies que c’est perdu pour la droite. A Marseille, j’espère que nos deux candidats vont avoir la sagesse » de se rallier l’un à l’autre. L’une des conséquences des annonces faites hier par Emmanuel Macron va directement impacter le travail des parlementaires, puisque toutes les réformes en cours de lecture sont suspendues.

 

 

Bruno Retailleau espère que le coronavirus poussera le gouvernement à annuler la réforme des retraites

Certains voient dans cet ajournement la première étape vers une annulation des projets de lois récents du gouvernement, dont celui brûlant de la réforme des retraites. « C’est très bien qu’elle soit repoussée. (…) C’est une mauvaise réforme, personne n’y comprend rien, cela devient très anxiogène. C’est une réforme qui créerait une sécurité sociale à plusieurs vitesses. J’espère que ce sera une annulation, en tout cas, il va falloir revoir entièrement la copie ».

 

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Malgré les fractures politiques qui perdurent donc sur la vision à donner aux réformes du pays, l’union sacrée est de mise pour Bruno Retailleau. « On est au tout début de cette grande épreuve, elle va faire beaucoup de malades ; il y aura des morts ».

 

 

« Le coronavirus est aussi une leçon de modestie pour l’homme moderne, trop souvent convaincu de tout pouvoir maîtriser ». « Ce que nous pouvons maîtriser, ce sont nos comportements (…) pour que la France reste unie et que vous pussions terrasser ce virus », a-t-il conclu.

 

Nicolas Gomont

 

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