C’est l’heure de la rentrée pour Emmanuel Macron et le gouvernement, et elle s’annonce agitée. Malgré les nombreux dossiers de l’automne à traiter – transition énergétique, assurance chômage, budget pour 2023 et immigration – dans un contexte de majorité relative à l’Assemblée Nationale, les cadres de LREM demeurent étonnamment calmes.
La macronie s’apprête à faire un saut dans l’inconnu à la rentrée parlementaire
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne se retrouvent ce soir pour un dîner de rentrée à l’Elysée, avant le premier Conseil des ministres prévu demain et un séminaire gouvernemental le 31 août. Et le menu s’annonce copieux voire indigeste, tant les dossiers qui attendent le couple exécutif sont nombreux. L’urgence climatique, d’abord, avec les incendies et les orages de cet été qui ont secoué les Français. Le gouvernement va lancer l’examen d’un texte censé accélérer la transition vers les énergies renouvelables et Emmanuel Macron va réaliser dans les prochains jours un déplacement sur ce thème. Autant dire que le cahier des charges est complexe pour l’exécutif : produire de l’énergie plus verte, sans hausse massive des prix et en quantité suffisante, dans la perspective de devoir se priver du gaz russe.
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Autres dossiers sensibles de la rentrée : la sécurité et l’immigration, qui feront l’objet de deux textes portés par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin cet automne, ou encore la réforme de l’assurance chômage, contre laquelle la gauche est déjà mobilisée. Les choses sérieuses commencent et c’est un saut dans l’inconnu que s’apprête à faire la macronie, dépourvue de majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Elle a pu certes se rassurer en trouvant un modus vivendi avec les oppositions, notamment Les Républicains, sur les trois premiers textes votés. Mais il s’agissait de textes plutôt consensuels, comme celui sur le pouvoir d’achat. Les lois prévues pour l’automne – sans même parler de la réforme des retraites prévue pour 2023 – sont nettement plus clivantes.
La majorité ne montre aucun signe de fébrilité pour le moment
L’exécutif a donc repoussé la rentrée parlementaire à début octobre, un mois plus tard que d’ordinaire. Un laps de temps qui doit permettre à la majorité d’entamer des négociations et de nouer des compromis avec les oppositions, avant même l’arrivée des projets de loi dans l’hémicycle. Mais il y a un point sur lequel le consensus sera quasi-impossible : il s’agit du projet de loi de finances pour 2023. Jamais des oppositions n’ont voté un budget. Le gouvernement se prépare donc d’ores et déjà à dégainer l’arme fatale, celle de l’article 49.3, qui permet de passer en force au Palais Bourbon. Malgré ces points noirs à l’horizon, les macronistes ne montrent encore aucun signe de fébrilité. Les cadres de LREM savent qu’il n’existe pas pour le moment de majorité susceptible de renverser l’actuel gouvernement.
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Ce qui peut inquiéter, c’est l’absence de cap à long terme du quinquennat. A force d’être dans la gestion de crise permanente – du Covid et maintenant de la guerre en Ukraine et ses conséquences -, Emmanuel Macron n’arrive plus à dessiner une vision, un objectif commun pour les Français. C’était particulièrement visible lors de son interview du 14 Juillet. Certains ténors dans la majorité, et notamment chez ses alliés du MoDem et d’Horizons, s’interrogent déjà sur sa capacité à retrouver le fil de son quinquennat et l’énergie réformatrice qui lui a permis d’arriver au pouvoir. De là à dire que la guerre de succession a déjà commencé en macronie, il n’y a qu’un pas.
Jim Jarrasse