Au huitième jour, la grève des éboueurs parisiens prend un tour politique. Les adjoints d’Anne Hidalgo ont-ils raison de pointer la responsabilité du gouvernement ?
La municipalité de Paris soutient les grévistes qui protestent contre la réforme des retraites
Il y a une réalité qui est juste : c’est que parce qu’ils sont opposés à la réforme des retraites que les éboueurs de Paris, mais aussi d’autres grandes villes, se sont mis en grève. Alors l’équipe d’Anne Hidalgo ne cherche pas plus loin. Que le gouvernement retire sa réforme et tout rentrera dans l’ordre. Paris redeviendra propre, répètent en boucle ses adjoints. C’est aussi simple que cela, mais c’est un peu court. Car d’une part, on sait que la réforme ne sera pas retirée. Avec ou sans 49.3, elle devrait même passer jeudi. Alors après, on fait quoi ? On laisse indéfiniment les poubelles s’entasser ?
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Ensuite, la municipalité socialiste, écologiste et communiste de la capitale soutient les grévistes. Ce faisant, elle fait de la politique. Mais même si c’est son droit, la municipalité est accessoirement aussi chargée de la qualité de la vie quotidienne des Parisiens. Or en se contentant de dire « que Macron retire sa réforme », l’équipe de la maire de la capitale ne fait même pas semblant d’avoir un mot de compréhension à l’égard des habitants qui subissent les désagréments de cette situation.
Rachida Dati, leader de l’opposition au Conseil de Paris est montée au créneau
De Rachida Dati à Gabriel Attal, ceux qui attaquent en retour la maire de Paris ne font-ils pas aussi de l’instrumentalisation de cette grève ? Clément Beaune, Olivia Grégoire et Gabriel Attal se sont exprimés. Ce sont, au passage, les trois ministres qui rêvent de la mairie de Paris. Et qui est montée au créneau ? Rachida Dati, la cheffe de file de l’opposition au Conseil de Paris. Qu’ils cherchent à affaiblir Anne Hidalgo, oui, personne n’est dupe. Mais il y a quand même des questions qui se posent. Dans la moitié des arrondissements, le ramassage des ordures est géré par une régie une municipale et la grève y est totale ; et dans une autre moitié, il est délégué à des sociétés privées et là, le ramassage est assuré. Cela peut interroger. Ensuite, il pourrait être légitime aussi de s’interroger sur les modalités d’un service minimum, ou sur des réquisitions, ou sur des solutions alternatives ou provisoires. En s’en tenant à : il suffit de retirer la réforme des retraites, la mairie de Paris donne des billes à ceux qui lui reprochent de ne pas s’occuper véritablement de la propreté de la capitale.
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Et tout cela fait le bonheur des rats… Mais attention, la mairie de Paris n’aime pas qu’on les stigmatise. On avait déjà eu une élue de la majorité qui nous enjoignait de ne pas les appeler rats, mais surmulots et d’apprendre à connaître leurs modes de vie. On a maintenant une adjointe qui nous assure qu’il n’y a rien à craindre d’eux sur le plan de la salubrité et que les enfants ne doivent pas redouter la leptospirose, car il y a des vaccins contre cette maladie. Nous voilà rassurés. S’il n’est pas toujours possible d’éviter une grève, il devrait être toujours souhaitable de ne pas prendre les administrés pour des imbéciles.
Guillaume Tabard