Ce mardi 6 juin, Moscou et Kiev se sont accusés mutuellement de la destruction partielle du barrage hydroélectrique de Kakhovka situé sur le cours du Dniepr en Ukraine. L’inexorable escalade du conflit laisse craindre le pire, selon Michel Goya, colonel et co-auteur de L’Ours et le renard (éditions Perrin) au micro de Guillaume Durand dans Les Stars de l’Info.
« Pardon pour cette métaphore sportive, mais, d’une certaine manière, la Russie mène au score dans cette guerre. » Michel Goya, colonel des troupes de marine et spécialiste des guerres modernes, a réagi au dernier évènement notable de cette guerre : l’explosion du barrage de Kakhovka, une centrale hydroélectrique située au sud de l’Ukraine.
Cette destruction a entraîné l’évacuation de 17 000 personnes et noyé de grandes étendues agricoles. Sans minimiser les conséquences de cet épisode qui « pourrait provoquer un obstacle et un immense marécage », Michel Goya assure que cette région reste « périphérique dans le conflit ». Au même titre que « les raids menés à Belgorod en territoire russe ou les attaques de drones sur Moscou ».
« Les Ukrainiens sont obligés de partir à l’assaut pour percer le front russe »
L’objectif est, selon le colonel, de « donner des gages » à une population ukrainienne à bout de souffle. Indécis sur l’issue du conflit et militant d’une désescalade, il sait, pour autant, qu’une « offensive de grande envergure sera maintenant difficile pour les Ukrainiens ».
Sur les ondes de Radio Classique, Michel Goya a coupé court à un certain nombre de fausses idées circulant depuis le début du conflit, notamment sur la filiation entre nazisme et combattants ukrainiens : Stepan Bandera, qui s’était enrôlé dans l’Allemagne nazie, a été érigé comme un symbole par la propagande russe.
Dans ce conflit, Poutine peut attendre, Zelensky non
« Certes, il y eut des Ukrainiens qui ont été nazis, reconnaît l’auteur, mais un certain nombre de Soviétiques combattaient aussi dans les rangs allemands ». Au-delà de ces combats idéologiques, la réalité du conflit est bien plus grave, avec « 80.000 morts de chaque côté, des dizaines de milliers de blessés et de gens meurtris ».
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En dépit des quelques contestations – le chef du groupe Wagner, Prigojine, en tête – l’ours russe emmené par Poutine, pour reprendre le titre de l’ouvrage, présente l’avantage d’avoir obtenu une partie des territoires qu’il convoitait. « L’Ukraine est ravagée, la Russie ne l’est pas. Le conflit peut s’enliser pendant très longtemps et le temps joue en faveur de Poutine. »
Oscar Korbosli