Turquie : La victoire d’Erdogan à la présidentielle va coûter très cher au pays

Pavel Bednyakov/SPUTNIK/SIPA

Le président Recep Tayyip Erdogan a remporté haut la main les élections turques le week-end dernier. Une victoire qui pourrait coûter cher au pays, rongé depuis deux ans par une inflation monstre. Le scénario d’une crise économique est-il inévitable ?

On ne peut pas mépriser les principes économiques les plus basiques sans s’exposer à de graves conséquences. Et c’est bien ce qui attend désormais le maître de la Turquie, Erdogan, et son pays. La raison en est simple.

Depuis deux ans, l’inflation ravage l’économie turque. Et plutôt que d’attaquer le mal, à la racine, Ankara l’a encouragé en imposant à la banque centrale de baisser ses taux d’intérêt. Ce que tous les manuels d’économie déconseillent.

En Turquie, les prix se sont élevés de plus de 80% à l’automne dernier

L’objectif politique était clair : pour qu’Erdogan se maintienne au pouvoir, il fallait éviter à tout prix une récession avant les élections. Résultat, les prix se sont envolés, de plus de 80% à l’automne dernier et de 40% encore en avril selon les chiffres officiels.

Une flambée que le pouvoir a compensé en augmentant le SMIC de plus de 200% et en promettant un doublement du salaire des fonctionnaires. Pendant ce temps, les investisseurs internationaux se sont enfuis, la livre turque a perdu la moitié de sa valeur et les réserves monétaires ont fondu. En clair, la situation est hors de contrôle et l’heure des comptes approche.

Que va-t-il se passer lorsque l’Etat turc n’aura plus les moyens de soutenir sa monnaie ?

Le scénario d’une crise économique semble écrit. Cela surviendra dès que l’Etat n’aura plus les moyens de soutenir sa monnaie, ce qui serait imminent selon les experts. La livre va s’effondrer, renchérissant les importations et relançant de plus belle la spirale inflationniste.

Erdogan n’aura alors que deux solutions. Fermer son économie pour limiter ses besoins en devises, ce qui ferait faire à la Turquie un bond de deux décennies en arrière. Ou renoncer à sa politique économique aberrante et appeler à l’aide, le FMI et ses alliés du Golfe, ce qui parait le plus probable.

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D’autant qu’il va falloir trouver 100 milliards de dollars pour reconstruire le sud-est du pays ravagé par le séisme de février dernier. Dans tous les cas, la partie s’annonce très difficile pour le Réïs d’Ankara rattrapé par la réalité. Et la potion très amère pour les 85 millions de Turcs et leur pays.

François Vidal

 

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