Wagner a marqué l’opéra, que ce soit avec le Ring, Tristan et Isolde ou Lohengrin. Ses leitmotivs, la « mélodie infinie », et son harmonie enrichie ont renouvelé le genre. De Paris à Bayreuth, Wagner représente une étape essentielle dans l’histoire de l’opéra.
Gendre de Liszt, Wagner fait un séjour raté à Paris avant de trouver un mécène en la personne de Louis II de Bavière
Wagner naît en 1813 à Leipzig. Le théâtre entre très tôt dans sa vie, par l’intermédiaire de ses sœurs comédiennes et de son beau-père l’acteur Ludwig Geyer. A l’époque, Paris est une place lyrique incontournable et Wagner décide d’y tenter sa chance. Il se rapproche de Meyerbeer, grande figure de “l’opéra à la française”. Mais ce séjour parisien est un échec. Wagner, rancunier et dévoré d’ambition, tiendra plus tard des propos durs et franchement antisémites sur son ancien ami. Intéressé et totalement dénué de scrupules, Wagner n’est d’ailleurs pas une figure très sympathique. Il séduit Mathilde Wesendonck, qui lui inspire certes Tristan et Isolde… mais qui est aussi accessoirement mariée à un homme qui le soutient financièrement ! Quelques temps après, il se met en ménage avec Cosima, fille de Liszt mais aussi épouse du chef d’orchestre Hans von Büllow qui défendait jusqu’ici avec ardeur les œuvres de Wagner ! Mais, par-delà l’homme, le génie demeure. Louis II de Bavière, enthousiaste, lui propose de devenir son mécène.
Les opéras de Wagner renouvelle en profondeur le modèle du genre
A la demande du compositeur, il construit donc pour lui à Bayreuth un théâtre spécial où l’orchestre est dissimulé sous la scène et les rangs du public disposés en amphithéâtre. Dans cette acoustique originale est donnée pour la première fois en 1876 l’intégralité de la tétralogie de L’Anneau du Nibelung. Ces quatre opéras puisent leur sujet dans les mythes germaniques, alors que Lohengrin et Parsifal s’inspirent des légendes de la Table Ronde. Dans tous les cas, Wagner se démarque des sources littéraires (Shakespeare, les romantiques comme Hugo ou Schiller…) ou historiques souvent utilisées à son époque. Wagner n’hésite pas à écrire ses propres livrets, dans une vision quasi philosophique d’un “art total” où texte, musique, décors et costumes sont intimement liés. Au plan musical, il développe le principe du leitmotiv et en fait un ressort dramatique essentiel. Il privilégie la continuité de la mélodie, rompant avec la tradition de la structure “à numéros” (alternance de récitatifs, airs, ensembles et chœurs, bien distincts les uns des autres). Son enrichissement de l’harmonie (tel le fameux “accord de Tristan”) marquera durablement les compositeurs après lui, au-delà même du genre de l’opéra. Se renouveler après Wagner sera le grand défi de la génération suivante. Les réponses dans le domaine lyrique seront variées, selon qu’il s’agira de Richard Strauss, Puccini ou Debussy.
Sixtine de Gournay
1) « La chevauchée des Walkyries » du Ring des Nibelungen (Orchestre Philharmonique de Berlin, dir. Daniel Barenboim)
A lire également
2) « Le Choeur nuptial » de Lohengrin (direction Jesus Lopez-Cobos)
3) « La Mort d’Isolde » de Tristan et Isolde (Ninna Stemme)
A lire également
4) L’Ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg (Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Christian Thielemann)
5) L’Ouverture du Vaisseau fantôme (Orchestre de la Radio de Francfort, dir. Marek Janowski)