Poulenc fait partie du Groupe des 6, proche de Satie et de Cocteau. La bonne humeur de ses pièces pour piano est ainsi emblématique des années 20. Mais, derrière, se cache une hypersensibilité que l’on retrouve dans ses œuvres religieuses. On vous propose de redécouvrir ses œuvres avec notre Top 5 (en fin d’article).
Poulenc retrouve le Groupe des 6 au cabaret “Le Bœuf sur le toit”
“Le Bœuf sur le toit” est l’un des cabarets parisiens les plus en vogue des années 20. Le public veut avant tout se distraire après les horreurs de la guerre, et le répertoire du café-concert remporte un vif succès. A la recherche de légèreté, certains compositeurs l’insèrent dans leurs œuvres. C’est le cas de Poulenc et de ses amis du Groupe des 6 : Darius Milhaud, Arthur Honegger, Louis Durey, Germaine Taillefer et Georges Auric. Regroupés un temps autour de Cocteau et de Satie, ils écriront ensemble Les Mariés de la Tour Eiffel, avant de poursuivre chacun leur chemin musical.
A lire aussi
Coco Chanel dessine les costumes du ballet Les Biches, dont Poulenc compose la musique
C’est grâce à Cocteau que Poulenc rencontre Serge Diaghilev, l’audacieux directeur des Ballets russes. Il s’agit d’écrire la musique d’un ballet dans l’air du temps, pastiche des “années folles”. Ce sera Les Biches, dont le peintre Marie Laurencin concevra les décors et Coco Chanel les costumes. Poulenc écrit ensuite deux autres ballets, Aubade – qui donnera lieu à un « concerto chorégraphique » mettant simultanément en valeur un pianiste et une danseuse – et Les Animaux modèles sur les Fables de La Fontaine pour l’Opéra de Paris.
A lire aussi
Concertos et pièces pour piano alternent entre légèreté et mélancolie
Brillant pianiste, Poulenc a bien-sûr composé pour le clavier. Des pièces légères pour le piano comme L’Embarquement pour Cythère ou les Mouvements perpétuels, parfois très courtes, mais aussi des œuvres de grande envergure avec 5 concertos pour piano, clavecin et orgue. Sa grande admiration pour Ravel se ressent dans son Concerto pour piano (1949), dont le deuxième mouvement semble emprunter sa profonde mélancolie au Concerto en sol. Alternance entre motif primesautier et gravité nostalgique, voilà deux aspects fondamentaux de la personnalité de Poulenc.
A lire aussi
Stabat Mater, opéra Dialogues des Carmélites, ou mélodies, Poulenc excelle dans la musique vocale
Poulenc aime la voix et cela se ressent dans ses œuvres. Pour ses mélodies, accompagnées au piano, il pioche dans les textes de ses contemporains (Apollinaire, Eluard, Colette ou Aragon…) mais aussi de poètes des temps anciens (Charles d’Orléans, Ronsard, Malherbe). S’il écrit déjà de la musique religieuse dès 1936 avec les Litanies de la Vierge Noire, l’affirmation de sa foi catholique dans les années 50 va l’encourager dans cette voie. Verront ainsi le jour un Stabat Mater, un Gloria, et l’opéra Dialogue des Carmélites. Ce dernier, inspiré par la pièce de Bernanos, raconte le martyre des 16 Carmélites de Compiègne guillotinées pendant la Révolution française. L’opéra s’achève sur un poignant Salve Regina, où s’exprime toute la sensibilité de Poulenc. Né en 1899 et mort en 1963, Poulenc aura vécu deux guerres mondiales et assisté à la naissance de bien des courants artistiques.
Sixtine de Gournay
Top 5 des œuvres de Francis Poulenc :
1) Concerto pour 2 pianos en ré mineur, 2ème mouvement “Larghetto” (Lucas et Arthur Jussen, Orchestre du Royal Concertgebouw, dir. Stéphane Denève)
2) Sonate pour flûte et piano, 1er mouvement “Allegretto malinconico” (James Galway)
A lire aussi
3) L’Embarquement pour Cythère, Valse-musette pour 2 pianos (duo Gerwig & Gonzalez)
4) Ballet Les Biches, solo de l’hôtesse, chorégraphie Bronislava Nijinska (Royal Ballet Compagny)
A lire aussi
5) Opéra Dialogue des Carmélites, la scène finale avec le Salve Regina (Choeur et Orchestre de la Scala de Milan, dir. Riccardo Muti)