A l’Ouest du Brésil, la région du Pantanal est ravagée par les flammes. Ce refuge de biodiversité est la plus grande zone humide du monde. Près de 18 000 départs de feux ont été enregistrés depuis le début de l’année.
650 espèces d’oiseaux, 159 de mammifères et 3500 plantes menacés dans le Pantanal
Selon les dernières données satellites disponibles, plus du quart du Pantanal est déjà parti en fumées cette année, 26% précisément. Pour Gustavo Figueirôa, biologiste pour l’association SOS Pantanal, c’est une tragédie : « plus de 3 millions et demi d’hectares ont déjà brûlé. C’est inédit, ce sont les pires feux de l’histoire du Pantanal ». Le Pantanal est pourtant une aire de biodiversité sans égale dans le monde.
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Elle abrite près de 650 espèces d’oiseaux, 159 de mammifères et plus de 3500 espèces de plantes dont certaines sont endémiques, c’est à dire que l’on ne trouve que dans cette région. Toute cette biodiversité est en souffrance selon une Gustavo Figueirôa : « des milliers d’animaux ont été tués, ils ont été brûlés. Ceux qui ont réussi à échapper aux feux, qui n’ont pas été blessés, reviennent dans un environnement complètement détruit. Ils n’ont plus de nourriture, plus d’eau, sont affamés et souvent meurent ».
98% des feux dans le Pantanal brésilien sont d’origine humaine
Des dizaines de bénévoles, vétérinaires, étudiants, se relaient sur le terrain pour tenter de soigner quelques animaux mais après les flammes, tout est carbonisé. Ces incendies incontrôlables sont rendus possible par une sécheresse extrême, la plus importante depuis 47 ans. Gustavo Figueirôa explique qu’« habituellement, le Pantanal est inondé la moitié de l’année et sec l’autre moitié. Mais cette année, il n’y a plus d’eau et à la place, il y a beaucoup de matières organiques qui servent de combustible aux feux. »
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Des feux qui sont selon les spécialistes et les ONG à 98% d’origine humaine. Il s’agit souvent de brûlis déclenchés par les propriétaires terriens locaux, pour nettoyer leurs parcelles ou les agrandir. Cristiane Mazzetti travaille pour Greenpeace au Brésil. Elle pointe du doigt la responsabilité du président brésilien Jair Bolsonaro : « Son gouvernement a affaibli les agences environnementales qui pouvaient faire ce travail de prévention et de contrôle des feux. Depuis le début de l’année, nous savions que la sécheresse serait importante mais les moyens n’ont pas été augmentés car les agences ont été complètement démantelées. »
« Le Pantanal va devenir une zone désertique »
Le Pantanal est certes habitué aux feux mais la zone pourra-t-elle se relever de telles incendies ? Selon Gustavo Figueirôa de SOS Pantanal, un rétablissement sera compliqué si de tels feux venaient à se reproduire : « Si des feux comme cette année deviennent réguliers, le Pantanal va perdre sa fenêtre de résilience et sera chaque année de plus en plus sec. Le Pantanal va devenir une zone désertique ». Le Pantanal est ravagé par les flammes, tout comme l’Amazonie où les incendies ont augmenté de 61% ce mois de septembre par rapport à septembre dernier.
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