La plupart des compagnies aériennes ont retrouvé le sourire. Elles sont réunies cette semaine pour leur sommet mondial organisé par l’IATA, l’Association Internationale du transport aérien, et ses prévisions sont doublement intéressantes.
La parenthèse de la crise Covid serait en partie refermée
L’IATA anticipe deux choses. La première, c’est qu’au global le secteur aérien renouera avec les bénéfices l’an prochain. Après trois années de pertes qui ont presque atteint 200 milliards de dollars en cumulé, les compagnies pourraient dégager un bénéfice de presque 5 milliards en 2023. C’est beaucoup moins que les 26 milliards gagnés en 2019 mais c’est un retour aux bénéfices. L’autre bonne nouvelle, c’est que les passagers sont globalement de retour et que l’on pourrait retrouver le niveau de 4,5 milliards de voyageurs de 2019 en 2024. La parenthèse de la crise serait ainsi en partie refermée.
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Cette nette amélioration s’explique par un mélange d’effet prix et d’effet volume. L’effet volume, c’est le retour des passagers. On n’arrête pas de parler de l’avion bashing et d’une jeune génération qui veut moins polluer en montant à bord d’un Boeing ou d’un Airbus. Mais à l’échelle mondiale, quelques jeunes occidentaux qui voyagent moins ne pèsent pas face à beaucoup d’asiatiques, d’africains ou d’ailleurs qui, eux, veulent prendre l’avion. Si vous avez des passagers qui reviennent et que dans le même temps vous pouvez augmenter vos prix à cause de la hausse du prix du kérozène et de la réduction de l’intensité concurrentielle – parce qu’il y a eu une réduction de l’offre pendant le Covid – et bien tout est réuni pour que le chiffre d’affaires et les bénéfices redécollent.
Toutes les compagnies aériennes ne sont pas égales face à la crise
Ce redémarrage reste effectivement un peu fragile, d’autant qu’on voit plus de mauvaises surprises potentielles que de bonnes à l’horizon. La facture pétrolière est loin de baisser et les prix ayant déjà augmenté de presque 10%, il y a un risque que l’inflation finisse par impacter la demande. Il y a ensuite le Covid qui n’a pas disparu en Chine et qui pourrait réapparaître ailleurs. Il y a enfin la régulation et le virage vers des avions moins polluants qui compliquent la vie de tout le secteur. Et puis enfin, il faut bien voir que si globalement ça va mieux pour le transport aérien, ça va surtout très bien pour les compagnies américaines, encore très mal pour les compagnies asiatiques et un peu mieux pour les européennes. Cette année, les Américains vont gagner 10 milliards de dollars et les Asiatiques perdre autant… Toutes les compagnies ne sont donc pas égales face à la crise.
David Barroux