Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Il appelle à un accord européen sur le plafonnement du prix de l’énergie. De quoi soulager, selon lui, les entreprises minées par l’inflation et le manque de main d’oeuvre.
Le patron du Medef craint l’effet de l’Inflation Reduction Act sur l’industrie européenne
Vendredi dernier, une réunion de l’association patronale européenne BusinessEurope avait lieu, à laquelle le commissaire européen Thierry Breton et le Medef ont participé. L’occasion d’évoquer les sujets qui préoccupent fortement les patrons, selon Geoffroy Roux de Bézieux. Ce sont d’abord les potentielles délocalisations d’entreprises à cause d’un prix de l’énergie « durablement 5 à 6 fois plus cher » qu’aux Etats-Unis et qu’en Asie. « Il n’y a pas 36 solutions, il faut que l’Europe arrive à se mettre d’accord pour fixer un prix [de l’électricité] », exhorte le président du Medef, qui « attend avec impatience un accord européen« . Mais les écarts entre les mix énergétiques des pays posent problème pour trouver un compromis : « par exemple, l’industrie allemande consomme beaucoup de gaz, ce qui est moins le cas de l’industrie française », remarque-t-il.
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Ensuite, la signature de l’Inflation Reduction Act aux Etats-Unis, « un énorme système de subventions à l’industrie américaine » [pour la lutte contre le changement climatique], expose dangereusement l’Europe, par exemple sur le commerce de voitures électriques prévient Geoffroy Roux de Bézieux. Si Emmanuel Macron, en déplacement aux Etats-Unis cette semaine, ne parvient pas à trouver un accord avec Joe Biden, il reste l’option de la guerre commerciale, note-t-il, une option désavantageuse pour tout le monde selon lui. L’Organisation Mondiale du Commerce, censée régler de tels litiges, « ne sert plus à rien » selon l’invité, qui compte plutôt sur la Commission Européenne pour trouver un point d’équilibre.
Aujourd’hui, « tous les métiers sont en tension », alerte-t-il.
Pour l’heure, l’activité résiste « de manière assez surprenante », mais le plus dur est à venir, soupire le chef du Medef. Les patrons bouclent actuellement leurs budget 2023 et « il y a beaucoup de signaux d’inquiétudes », confirme-t-il. D’après lui, la flambée des prix de l’énergie affole toutes les entreprises, et pas seulement les « énergo-intensives » : « je connais un groupe hôtelier qui voit sa facture d’électricité multipliée par 5. Ca va manger tout son profit prévu pour 2023 ». Les problématiques de recrutement s’accumulent, au point qu’aujourd’hui, « tous les métiers sont en tension », s’alarme-t-il. A ce sujet, Geoffroy Roux de Bézieux salue la réforme de l’assurance chômage, qui va favoriser le retour au travail et soutenir la baisse du chômage selon lui. « Ce n’est pas normal qu’on n’arrive pas à recruter en France alors que le chômage est à 7% », s’étonne-t-il. Interrogé sur le phénomène de grande démission, largement débattu en France, l’invité pense que le ras-le-bol post-Covid se limite à une petite proportion de cadres. « Je ne crois pas du tout à la fin de la valeur travail. Les gens veulent continuer à travailler et sont même dans une position de force », affirme-t-il, mentionnant la hausse des salaires.
Clément Kasser