Néonicotinoïdes : La France interdit l’insecticide au risque de plonger la filière sucrière dans la crise

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La France va interdire l’usage des insecticides néonicotinoïdes dès cette année. Une décision prise pour se conformer à un jugement de la cour de justice européenne qui risque de plonger la filière sucrière française dans la crise.

 

Sans néonicotinoïdes, les rendements des exploitations baisseront de 30% en moyenne

C’est un véritable cas d’école, avec d’un côté un insecticide nocif pour l’environnement, dont le surnom de tueurs d’abeilles dit toute la dangerosité, et de l’autre un secteur économique qui dégage 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie près de 50.000 personnes. En interdisant l’usage de cette substance indispensable pour éradiquer un puceron qui ravage les cultures de betteraves, le gouvernement prend le risque de déstabiliser une filière aujourd’hui prospère. Car sans néonicotinoïdes, les rendements des exploitations baisseront de 30% en moyenne. Surtout, il bouleverse un calendrier calé en 2020 qui donnait jusqu’à l’année prochaine à la recherche agronomique pour trouver un substitut à cette substance. C’est un peu comme si on décidait tout d’un coup que la fin du moteur thermique dans l’automobile n’était plus pour 2035 mais pour 2030.

 

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L’Espagne pourra continuer à utiliser des néonicotinoïdes cette année

La France s’est engagée à préserver la biodiversité, et les acteurs de la filière seront indemnisés, c’est vrai. Mais est-on vraiment sûr que cette décision sera bénéfique pour les abeilles ? Si, comme c’est probable, on assite à une chute de la production des exploitations françaises, il faudra bien importer du sucre pour combler ce manque. Ce qui fera les affaires de pays comme le Brésil par exemple, dans lesquels le recours à des insecticides beaucoup plus nuisibles pour la nature est massif. En Europe même, le risque de distorsion de concurrence est réel. Puisque des Etats comme l’Espagne notamment pourront continuer à utiliser des néonicotinoïdes en 2023. En clair, le résultat de cette séquence, c’est qu’on aura affaibli une filière performante dans l’hexagone au point de la rendre dépendante des aides publiques, tout en aggravant les menaces qui pèsent sur la biodiversité dans le reste du monde. Un carton plein, qui devrait donner à réfléchir sur les modalités de la transition écologique.

François Vidal

 

 

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