Les stations de ski sous la menace d’une « bombe à retardement », la loi Energie Climat

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Les Echos titrent ce 25 janvier en Une sur « la bombe à retardement qui fait trembler les stations de ski ». Le journal se penche sur la loi Energie Climat qui s’attaque aux logements qualifiés de « passoires thermiques ».

 

La plupart des studios de montagne ont été construits dans les années 70 et 80, et sont mal isolés

En général, quand on parle de menace sur les stations de ski, on a plutôt en tête le réchauffement climatique qui risque de provoquer un jour une généralisation des hivers sans chutes de neige abondante. On a aussi beaucoup parlé des effets du Covid et du confinement qui ont vidé les stations pendant deux saisons, ou encore de la hausse du prix de l’énergie qui fait flamber les coûts des remontées mécaniques. Mais il y a donc une autre menace qui se profile à l’horizon 2025-2030 et qui fait très peur à ceux qui vivent de l’or blanc, c’est la loi Energie Climat. Il s’agit de cette loi qui s’attaque aux logements qualifiés de passoires thermiques.

 

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Si un appartement devient trop difficile à chauffer, il n’aura plus le droit d’être loué. La mauvaise nouvelle pour les propriétaires à la montagne, c’est primo que les studios dans les grands immeubles des stations ont souvent été construits dans les années 70 et 80, à une époque ou on ne se souciait pas vraiment de l’isolation. On voulait construire vite et pas cher. Et secundo, la catastrophe pour les propriétaires, c’est que l’interdiction de louer les passoires thermiques concerne aussi les locations saisonnières et donc tout le monde du tourisme. Selon les estimations, presque 40% des logements en montagne ne seraient pas aux normes. On a donc face à nous un vrai problème écologique mais aussi économique.

 

 

Les stations de ski n’arriveront pas à tourner si 10 à 30% des logements sortent du marché locatif

Ce problème est difficile à résoudre : investir dans de la rénovation thermique, c’est cher et compliqué. Ca l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un logement qui ne sert que quelques mois par an, et si tous les copropriétaires n’ont pas envie d’investir dans les parties communes qui doivent elles aussi être mises aux normes. Si en plus, c’est une résidence secondaire, on n’a souvent pas le droit aux aides publiques. Et puis enfin, l’ampleur du chantier est telle qu’on est sûr de ne pas avoir assez de main d’œuvre, même si on avait l’argent et qu’on lançait les travaux. La menace économique est forte pour les stations de ski qui n’arriveront pas à tourner si 10 à 30% des logements sortent du marché locatif, il faudra alors des réponses d’urgence. Peut-être que l’Etat qui aime faire des chèques votera des aides, mais des subventions pour des propriétaires aisés n’est pas très populaire. Peut-être qu’on repoussera la date butoir, mais ça ne plaira pas aux écolos, ou peut-être qu’on fera une exception pour les zones de montagne. Les propriétaires pourraient aussi se dire qu’ils ont besoin de faire des travaux pour pouvoir continuer à louer, mais ces investissements ne permettront pas de louer plus cher, ce n’est pas très motivant.

David Barroux

 

 

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