S’il y a un petit logo en forme d’hexagone, un drapeau tricolore ou un slogan « made in France » sur votre pot de miel, il n’est pas impossible qu’il s’agisse en fait d’un miel bulgare !
Dans les marchés, près de 30 % des points vérifiés dans ce type de commerce n’étaient pas conformes
On lit ce matin dans Les Echos, des exemples comme celui-ci, sidérants, montrant à quel point certains sont vraiment gonflés pour ne pas dire escrocs. En langage plus juridique, on appelle cela des « pratiques commerciales trompeuses ». C’est le vocabulaire de la DGCCRF (la répression des fraudes), qui a mené 826 contrôles et visité 452 établissements agroalimentaires. Pour le trafic de miel avec la Bulgarie, les enquêteurs ont comparé les volumes de production de l’exploitant avec ses cahiers de récolte et ses factures. Les chiffres étaient incompatibles avec le nombre de ses ruchers. Le produit lui-même, le miel, a aussi été analysé dans un laboratoire. Verdict : on y a trouvé des pollens d’espèces florales propres à l’Europe de l’Est. Ce n’est qu’un premier exemple. Certains n’ont même pas de ruches, nous dit l’article. Un ancien exploitant achetait du miel à un grossiste, le mettait dans des pots et prétendait que tout venait de ses propres abeilles.
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Ce qui vaut pour le miel vaut aussi pour le jus de pomme avec un cas de mélange entre des fruits d’un vrai verger bio français et du jus venu par citernes entières, directement d’Italie et d’Allemagne, mais toujours estampillé « made in France ». Ou encore le cas d’un producteur en Occitanie qui mélangeait roquette, laitue et épinards italiens avec les siens. Où se méfier le plus ? La DGCCRF nous dit que les marchés et foires sont les lieux les plus à risque : près de 30 % des points vérifiés dans ce type de commerce n’étaient pas conformes. C’est le cas dans un quart des contrôles faits dans les points de vente de détail. En revanche, la situation est plus sérieuse dans le commerce de gros mais avec tout de même des problèmes dans 5% des cas.
Ces pratiques font peser un soupçon et donc un risque pour toute la filière
Quel enseignement économique peut-on tirer de ces contrôles ? Le fait que ce soit parfaitement scandaleux n’est effectivement que du domaine de la morale. L’aspect légal et judiciaire est traité, on l’a vu, par les autorités de contrôle. Mais pour ce qui est de l’économie, les conséquences ne sont pas neutres. D’abord, le consommateur se sent lésé et ce, à juste titre. Il paie au prix fort le prix d’une production et d’une qualité française, des produits low-cost. Quel moyen a-t-il de contrôler que le contenu d’un pot de miel correspond bien au joli petit drapeau bleu-blanc-rouge fièrement imprimé sur l’étiquette ? Aucun, à moins d’avoir chez lui un laboratoire de chimie de pointe.
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Ensuite ces pratiques font peser un soupçon et donc un risque pour toute la filière. Je suis conscient d’y contribuer ce matin mais il est important de communiquer et d’informer sur cette situation. Car les Français adorent le made in France. Ce n’est pas un hasard si le marketing autour de cette notion est de plus en plus massif et si les évènements qui y sont consacrés se multiplient. Quel gâchis ! Enfin la DGCCRF dit quelque chose de très simple : c’est de la concurrence déloyale, cruelle pour les entreprises honnêtes. Heureusement, elles sont largement majoritaires. Mais pour qu’elles survivent, on doit assainir le marché.
François Geffrier