Quatre mois après le lancement de ChatGPT, Google a ouvert lui aussi, le 21 mars, son service d’intelligence artificielle.
Si Google ne répondait pas à la demande, une partie de son business risquait de s’envoler
Avec le lancement de ChatGPT – qui est un chatbot ou un robot conversationnel – on s’est rendu compte de la puissance potentielle de ce qu’on appelle les intelligences artificielles génératives, c’est-à-dire des moteurs digitaux capables de répondre à des questions en générant du texte, de l’image ou encore des lignes de codes. Ce sont des outils informatiques qui emmagasinent des milliards d’informations qu’ils réutilisent en les recontextualisant. ChatGPT ou le Bard de Google ne répondent pas à des questions simples comme « combien de ponts ont été construits en mai cette année ? » ou « quel est l’âge de Bidule ? ». Ce sont des moteurs qui argumentent et qui peuvent répondre à un sujet de dissertation tel : « L’Homme est-il un loup pour l’homme ? » ou à des questions comme : « pourquoi le PSG est, malgré ses défaites, un grand club de foot ? ». Le moteur peut même passer un examen, écrire un article dans un style précis ou composer des poèmes.
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Mais pourquoi Google a-t-il besoin de lancer son Bard contre ChatGPT ? Tout simplement pour des raisons défensives et offensives. C’est pour montrer que le groupe reste à la pointe de l’innovation. C’est aussi une manière de dire que si demain, on pose des questions autrement à un moteur de recherche ou si l’on attend des réponses plus argumentées, Google aura la réponse. C’est aujourd’hui un énorme dictionnaire, un bottin géant, une carte du monde, un poste d’aiguillage vers des sites qui stockent de l’information. Mais Google ne rédige rien. Demain, le consommateur peut devenir demandeur de réponses plus construites. Et si le géant américain ne répond pas à cette demande potentielle, d’autres le feront pour lui et c’est une partie de son business qui risque de s’envoler.
Google Bard ne sera pas intégré au moteur de recherche principal
Alors, est-ce que Google est armé pour répondre à cette menace ? Oui, dans la mesure où le groupe a la compétence technologique. Mais cela reste compliqué pour lui. Quand on contrôle 90% d’un marché, on n’a pas envie de contribuer à donner un nouveau départ en déplaçant la bataille sur un autre terrain. Si demain, la recherche sur internet est dominée par de l’intelligence artificielle, Google sera peut-être un peu moins dominant. Il faudra partager le gâteau. Faire tourner un tel moteur coûte beaucoup plus cher et pour l’instant cela ne rapporte rien.
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Google doit donc montrer qu’il est présent, mais il ne doit pas accélérer le rythme, surtout que les réponses générées par ces moteurs sonnent toujours justes, mais sont parfois fausses, car on mélange des sources fiables et non fiables. Or, Google donne aujourd’hui des réponses presque toujours bonnes. Gagner moins en donnant des fausses réponses n’est pas très bon. C’est pour cela que le nouveau service de Google ne sera, dans un premier temps, pas intégré au moteur de recherche principal et que le service ne sera accessible qu’en anglais aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. On entre dans l’acte deux de la guerre de l’intelligence artificielle et cette pièce va compter plus que trois actes.
David Barroux