La France était une grande puissance automobile mais visiblement, nous avons perdu beaucoup de terrain.
La Peugeot 3008 et la Toyota Yaris sont les seules voitures assemblées sur le territoire français
Ce 22 février, Les Echos donnent les chiffres du déficit commercial automobile pour 2021. Au tournant des années 2000, l’industrie automobile tricolore dégageait un excédent commercial supérieur à 10 milliards d’euros par an. Aujourd’hui c’est devenu une machine à creuser notre déficit. Et si nous n’inversons pas très vite la tendance, c’est vers un solde négatif à plus de 20 milliards d’euros par an que nous nous dirigeons, pied au plancher. C’est une véritable catastrophe économique et sociale.
A lire aussi
Mais comment expliquer cette dégradation ? Cela est mathématique. Quand tous les ans, vous importez de plus en plus de voitures, de véhicules utilitaires, de batteries, de pièces auto et que vous exportez de moins en moins, la balance commerciale se dégrade. Les coûts de production, les charges, les taxes sont si élevées en France que les industriels tricolores ont délocalisé une part sans cesse croissante de la production. Les petites 208 de Peugeot sont faites à l’Est et les modèles de Clio en Turquie. Les industriels français produisent donc moins sur le territoire. On est passé de 4 millions de voitures produites par an il y a 15 ans, à 1,5 million. Et dans le même temps, on importe des voitures haut de gamme d’Allemagne et maintenant, des voitures électriques de Chine. Tesla fabrique ses voitures là-bas et Mini et Smart vont s’y mettre également. Dans le top 10 des voitures les plus vendues en France, il n’y en a que deux assemblées chez nous : la Peugeot 3008 et la Toyota Yaris.
La facture des impôts de production a nui au « made in France »
On ne reviendra jamais totalement en arrière. On ne va pas rouvrir les usines fermées mais il faut au moins essayer de garder ouvertes celles qui restent. Plutôt que d’attendre une baisse généralisée et massive des impôts de production qui bénéficierait à toutes les industries, je crois que l’heure est venue pour un plan d’urgence : un plan Marshall pour l’automobile. On devrait créer des zones franches avec moins de taxes, de charges, d’impôts et de procédures administratives. On peut le faire car on est à l’heure du tournant de l’électrique. Si on aide cette industrie, on favorisera la transition écologique. Cela peut faire partie d’un plan de relance vert dans le cadre du « green deal ».
A lire aussi
D’autres pays européens pourraient aussi en profiter mais on serait alors tous sur un pied d’égalité. Et comme pour l’instant, c’est nous qui avons les plus lourds boulets aux chevilles, si on libère un peu notre écosystème, on peut lui donner une dernière chance. Sinon, il faut être lucide. La production automobile en France risque simplement de disparaître. Les raisons de cette catastrophe économique et sociale sont connues. Plus que le manque d’attractivité des modèles de Renault, Peugeot ou Citroën, c’est la facture des impôts de production qui a nui au « Made in France », poussant les industriels puis leurs fournisseurs, à délocaliser une part croissante de leur production.
David Barroux