La Fédération Nationale de l’Agriculture Bio (FNAB) ouvre aujourd’hui son salon du bio, à Retiers (Ille-et-Vilaine). Le contexte est mauvais pour le secteur alors que les Français ralentissent leur consommation de produits bio et que la surface dédiée à l’agriculture biologique ne progresse plus.
L’inflation et la fin de l’habitude du « bien manger » liée aux confinements successifs ont fortement impacté le marché du bio
Après 15 ans de croissance à deux chiffres, le secteur tombe subitement dans le rouge, avec une chute de 1 à 2% depuis le début de l’année. En 2021, le bio reculait déjà de 0,5%, après une année exceptionnelle en 2020, marquée par les confinements et le retour du « bien manger ». Ces mauvais chiffres illustrent la mue du secteur, en proie à l’inflation. Le retour à une vie sans confinement, aux postes de dépense multiples, a aussi un impact. « Après 2 années très perturbées, les Français ont plus réinvesti dans les vacances et les loisirs que dans la nourriture, qu’elle soit bio ou non », explique Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio. Malgré des ventes en grandes surfaces qui reculent de 4%, et de 2% dans les enseignes spécialisées, certains acteurs arrivent encore à tirer leur épingle du jeu, notamment deux circuits en forte croissance. « Les circuits courts ont augmenté leur activité de 8%. L’artisanat aussi est en hausse – ce sont par exemple les boulangers et primeurs qui vendent du bio sans être spécialisés », poursuit Laure Verdeau.
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« On s’attend à des baisses de 50 à 60% du nombre de conversions d’agriculteurs à la production bio »
Même s’il ne s’agit que d’un léger recul, le marché du bio devient moins attrayant. Ainsi, le nombre d’agriculteurs qui passent au bio devrait lui aussi marquer le pas, après des années de croissance. « On s’attend à des baisses de 50 à 60% du nombre de conversions et la surface d’agriculture biologique ne va pas évoluer énormément par rapport à l’année dernière », alerte Philippe Camburet, Président de la FNAB. Victimes des incertitudes de la crise actuelle, certains professionnels du bio craignent que l’embellie n’intervienne que dans 2 ou 3 ans.
Eric Kuoch
Retrouvez le reportage d’Eric Kuoch à partir de 04:00