Agriculture bio : quels sont les défis pour augmenter la production ?

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Depuis plusieurs jours, le congrès mondial pour la nature est évoqué dans la presse, mais cette semaine se déroule également le congrès mondial de la bio à Rennes. L’agriculture biologique a le vent en poupe, pourtant les défis pour augmenter la production sont nombreux.

Union européenne : objectif 25% de surface bio d’ici 2030

Aujourd’hui, 9,5% des terres agricoles françaises sont bio, c’est deux fois plus qu’il y a 5 ans. Une augmentation rapide, et l’Union européenne se fixe comme objectif 25% de surface bio d’ici 2030, mais les freins à ce changement sont déjà bien identifiés. Cécile Détang-Dessendre, directrice scientifique adjointe à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) explique qu’il y a des obstacles techniques, notamment en termes de protection des cultures. Cette année, les viticulteurs biologiques ont notamment souffert des attaques de mildiou, ajoute-t-elle.

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Autre frein technique majeur selon les chercheurs, la question des fertilisants. L’agriculture biologique utilise des engrais organiques, comme du lisier ou du fumier, mais ces ressources pourraient venir à manquer. D’autant que les nouvelles réglementations vont encore réduire le nombre de solutions utilisables par les agriculteurs biologiques, considère Lionel Alletto, directeur de recherche à l’INRAE, spécialiste de l’agroécologie.

Consommateur : « il faut modifier ses habitudes alimentaires »

Une solution a été identifiée, celle du rapprochement des élevages et des cultures, aujourd’hui souvent concentrés dans des régions spécialisées. Plusieurs études publiées récemment estiment qu’il est possible d’atteindre le 100% bio en Europe en 2050, mais à plusieurs conditions, qualifiées d’ambitieuses par Cécile Détang-Dessendre. D’après la directrice scientifique adjointe à l’INRAE, « il faut que le consommateur modifie ses habitudes alimentaires, notamment avec une diminution très importante de la viande ».

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Elle ajoute qu’il est nécessaire de diminuer voire supprimer les pertes et gaspillages à tous les échelons de la chaîne. Les chercheurs de l’INRAE estimaient ainsi en mai dernier qu’avec une baisse de 30% de la consommation de viande, et une baisse de 50% du gaspillage, il serait ainsi possible d’atteindre 60% de bio dans l’agriculture mondiale.

Baptiste Gaborit

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