Alimentation : Le bio, victime collatérale de l’inflation

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La consommation de produits bio semble nettement reculer. Si l’inflation des produits alimentaires force les ménages les plus modestes à bouder le bio généralement plus cher, la filière peut tout de même se rassurer avec ses ventes auprès des professionnels.

On assiste à un recul assez net de la consommation de produits bio

La consommation de produits bio marque le pas en France. Il y avait déjà eu une alerte sur la consommation de lait, d’œufs ou de tomates bio. Les chiffres qu’on avait depuis quelques mois concernant certains produits spécifiques n’étaient pas très bons. De plus, les chiffres de l’Agence Bio, un organisme qui collecte les résultats de tous les circuits de distribution sur l’ensemble des produits, sont tombés. On peut effectivement dire qu’on assiste à un recul assez net de la consommation de produits bio. En effet, après plus d’une décennie de hausse, les ventes ont chuté de 4% en 2021 dans les supermarchés et les magasins spécialisés. Ce n’est pas un effondrement mais c’est bien une confirmation d’une forme de coup d’arrêt.

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Plusieurs raisons peuvent expliquer cette forme de désamour pour le bio. Sur l’ensemble des produits, on a souvent après des années de croissance une forme de plateau ou de recul. Les arbres ne montent jamais totalement jusqu’au ciel. Ensuite, on a ce qu’on appelle un effet de base. Pendant les confinements et la crise sanitaire, les Français ont eu peur de manquer ou sont moins sortis au restaurant. On a acheté beaucoup plus d’alimentation et beaucoup plus de bio. Ainsi, il y a un côté soufflé qui retombe un peu aujourd’hui par rapport à une période exceptionnelle. Enfin et il ne faut pas sous-estimer cet élément d’explication, on est dans un contexte inflationniste. Les prix de l’alimentaire montent. Quand le ticket de caisse progresse, les ménages font des arbitrages. Le bio qui est déjà plus cher peut être une victime collatérale de la hausse globale des prix.

La chute du bio est surtout forte en hypermarché

La filière bio ne doit pas forcément s’inquiéter mais il faut être vigilant. En effet, la chute est surtout forte en hypermarché, là où vont les ménages les plus attentifs aux prix. Elle est plus faible dans les circuits bio spécialisés qui représentent un quart des volumes. A l’inverse le bio progresse dans la restauration et dans les ventes directes à la ferme. Enfin, le bio chutant moins que l’ensemble des produits agroalimentaires, la part du bio qui pèse un peu moins de 7% de notre consommation, semble même un peu progresser en relatif. Il n’y a donc pas péril en la demeure. La situation actuelle montre tout de même qu’il n’y aura sans doute pas indéfiniment une croissance forte. Cela montre aussi qu’entre les appellations bio, le local, le made in France, le circuit court ou les produits qui défendent les producteurs, il y a beaucoup de familles de produits. Le consommateur est souvent un peu perdu. La filière doit donc s’interroger en se demandant à quel rythme il faut continuer de convertir les exploitations. Il ne faut donc pas aller trop vite et produire plus de bio que ce qu’on pourra vendre à de bons prix.

David Barroux

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