La production lyrique de Donizetti compte plus de soixante-dix opéras, en majorité dans une veine légère et comique, mais ses chefs d’œuvre sont les opéras les plus dramatiques, offrant aux sopranos des airs incomparables et déchirants dans Anna Bolena, Maria Stuarda et Lucia di Lammermoor.
Gaetano Donizetti en 10 dates :
- 1797 : Naissance à Bergame
- 1815 : Études musicales à Bologne
- 1818 : Enrico di Borgogna (création à Venise)
- 1830 : Anna Bolena (création à Milan)
- 1832 : L’Elisir d’amore (création à Milan)
- 1835 : Maria Stuarda (Milan) et Lucia di Lammermoor (création à Naples)
- 1840 : La Fille du régiment et La Favorite (créations à Paris)
- 1843 : Don Pasquale (création à Paris)
- 1845 : Soigné au sanatorium d’Ivry
- 1848 : Mort à Bergame
Donizetti est né dans une famille pauvre, sans tradition musicale
Ce n’est qu’à neuf ans que Gaetano est pris en main par un professeur, Simone Mayr, maître de chapelle de la Basilique de Bergame, dans un dispositif charitable de leçons de musique subventionné par la Congrégation. Il décèle son talent et le garde comme élève jusqu’à l’âge de dix-huit ans, avant de l’envoyer au lycée de Bologne étudier la composition auprès du père Mattei, qui avait été également le professeur de Rossini. Donizetti reviendra dans sa ville natale pour occuper un poste à l’église et reprendre sa collaboration avec Mayr.
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Les premiers opéras de Donizetti sont déjà des succès
Sa première commande vient du théâtre San Luca de Venise, Henri de Bourgogne, dont le rôle éponyme est tenu par une contralto travestie. Malgré des difficultés au démarrage, l’œuvre est appréciée et vaut au compositeur de nouvelles commandes vénitiennes. Mais c’est à Rome qu’eut lieu en 1822 son premier succès public avec Zoraida di Granata, une histoire espagnole du XVème siècle. Puis, en 1830, Donizetti entreprend l’écriture d ’Anna Bolena. Il ne lui faut qu’un mois pour écrire cet opéra qui fera un triomphe à Milan, et bientôt dans toute l’Europe. Donizetti a composé Anna Bolena pour une diva alors en pleine gloire, Guiditta Pasta, celle qui 7 ans plus tôt avait créé le rôle de Norma de Bellini. L’air d’Anna «Al dolce guidami» est une merveille de douceur nostalgique teintée de déraison au moment où elle va affronter son supplice. Première scène de folie de Donizetti, qui finira lui-même dans de semblables égarements.
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Donizetti triomphe en Italie avant de partir à la conquête de Paris.
Après une autre collaboration avec Romani, cette fois pour un opéra bouffe, L’élixir d’amour, qui est un succès immédiat à Milan puis en Europe, Donizetti signe avec le théâtre San Carlo de Naples pour un nouvel opéra adapté de la tragédie de Schiller Maria Stuart. Mais la création est difficile et l’œuvre est finalement donnée à La Scala de Milan avec Maria Malibran, non sans rencontrer des problèmes de censure.
C’est tout de même au San Carlo que le chef d’œuvre dramatique de Donizetti est créé en septembre 1835 : Lucia di Lammermoor. Le roman de Walter Scott devient le récit de la folie de Lucia, héroïne à jamais de toute l’histoire de l’art lyrique. Les sopranos colorature ont désormais leur rôle emblématique, qui exprime par le chant et les vocalises toute la détresse d’une femme à la fois criminelle et victime de la méchanceté des hommes. L’œuvre devient tout de suite un succès international et le restera jusqu’à aujourd’hui.
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Après plusieurs autres opéras, Donizetti se voit interdire Poliuto, pour cause de sacrilège, ce qui décide le compositeur à partir pour Paris, où il donne cet opéra sous le titre Les Martyrs. Entre-temps il reçoit plusieurs commandes et créé à l’Opéra Comique La Fille du régiment, qui est mal accueillie. La Favorite quelques mois plus tard l’est un peu moins, mais son triomphe parisien sera Don Pasquale, au Théâtre Italien en janvier 1843.
L’Air « Ah mes amis » de La Fille du régiment, et ses redoutables contre-ut magistralement exécutés par Juan Diego Florez
Les premières atteintes nerveuses en 1845 l’obligent à se faire interner à Ivry, où il reste dix-huit mois. Il ne peut plus composer, ne peut plus parler. Transféré à Bergame, il y meurt en avril 1848
Avec Bellini, Rossini et Verdi, il représente pour toujours l’art italien du bel canto, donnant la priorité à la voix dans ses plus beaux ornements. Berlioz appréciait «sa rare habileté d’écrire pour les voix».
Philippe Hussenot