Le 31 décembre, le Met Opera a retransmis en ligne son traditionnel concert du Nouvel An. En raison de la pandémie de Covid 19 ce concert virtuel a été enregistré et diffusé depuis l’Allemagne avec des musiciens qui ne font pas partie de l’orchestre new-yorkais. Une pratique qui a soulevé une vague de protestation au sein de l’institution et sur Internet.
Les musiciens titulaires du Met Opera ne sont plus payés depuis 10 mois
Dans le cadre d’une campagne de levée de fonds et pour satisfaire le public du Met Opera, sa direction a cru bien faire en proposant de diffuser en ligne le 31 décembre, moyennant 20 dollars, son concert du Nouvel An. Covid 19 oblige, l’enregistrement s’est déroulé au Parktheater d’Augsbourg, célèbre salle néo-baroque allemande. À l’affiche les sopranos Pretty Yende et Angel Blue et les ténors Matthew Polenzani et Javier Camara qui ont interprété des airs de Donizetti, Puccini, Rossini, Verdi, Bellini et Lehar entre autres, accompagnés par un quintette à corde (Vienna Morphing Institute selon le site Slippeddisc) et la pianiste française Cécile Restier, qui travaille à l’Opéra d’État de Vienne.
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Et c’est la participation de ces musiciens locaux qui a créé la polémique et soulevé une vague de protestation au sein du Met et sur les réseaux sociaux. Les syndicats et associations de musiciens du Met reprochent à leur direction d’employer des musiciens extérieurs, sous la bannière du Met Opera, alors que les titulaires de l’orchestre américain sont privés d’activité et non payés depuis plus de 10 mois.
Le violoncelliste Joel Noyes estime que le Met Opera ne parvient plus à attirer et retenir des talents de renommée mondiale.
« C’est une faute professionnelle inacceptable que des musiciens non-Met aient été embauchés pour se produire sous la bannière du Metropolitan Opera lors du gala du Nouvel An. Il s’agit du 4e événement de collecte de fonds que la direction du Met sous-traite ainsi, de manière contraire à l’éthique tout en essayant d’utiliser la pandémie comme une opportunité pour déprécier le contrat des musiciens titulaires du Met dans des négociations destructrices » a déclaré dès le 1er janvier Adam Krauthamer, le président de la fédération de musiciens (AFM Local 802).
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Dans le New York Post, le violoncelliste du Met Joel Noyes constate : « Quand je suis arrivé au Met, c’était le poste le plus attrayant du pays. Au cours de ces 14 dernières années, nous avons perdu du terrain face aux autres institutions. À chaque concession que subissent les musiciens, nous devenons moins capables d’attirer et de retenir des talents de renommée mondiale ». Sur internet, les commentaires critiques se multiplient. Ainsi, sur YouTube, un internaute écrit : « Toute cette performance est entachée de pratiques de travail déloyales », tandis qu’un autre reproche aux 4 chanteurs participants d’avoir cédé à la pression de la direction du Met. Selon lui « Leur complicité était clairement basée sur l’intérêt personnel et l’opportunisme de carrière ».
Philippe Gault