En 2012, la ville belge de Courtrai espérait ramener le calme dans un parc de la ville grâce à de la musique classique. Le dispositif, censé chasser des jeunes turbulents, n’a a priori pas fonctionné.
Plusieurs villes dans le monde ont eu recours à la musique classique pour chasser les jeunes
« La musique adoucit les mœurs » est un proverbe bien connu : Stefaan De Clerck y croyait plus fort que n’importe qui. En juillet 2012, le bourgmestre de Courtrai, en Belgique, installe des haut-parleurs dans le parc du Béguinage afin de jouer de la musique classique en continu. Inspiré par le dispositif de la ville de Tours, qui voulait assurer le confort auditif de ses habitants, Stefaan de Clerck avait aussi un autre objectif en tête … faire fuir les jeunes, à l’origine de nuisances dans ce parc selon lui. Exit les attroupements, le bruit et les canettes de bière jonchant le sol : place aux familles et aux âmes en quête de repos, tout cela grâce à Mozart et Bach. « Nous voulons que le parc soit à nouveau utilisé par tout le monde », justifiait-il.
A lire aussi
Utiliser la musique classique comme arme pour éloigner les jeunes agités est monnaie courante, des Etats-Unis aux Pays-Bas en passant par le Royaume-Uni. Dans la ville britannique de Dartford en 2009, les riverains pouvaient entendre Mahler en boucle dans un tunnel, un dispositif censé éloigner les graffeurs. A Poissy en 2013, la musique classique a aussi envahi les quais de la gare. La SNCF niait vouloir chasser de jeunes turbulents, mais au micro de France Bleu, plusieurs usagers s’étaient dit rassurés de ne plus attendre le train à côté de « petits voyous ».
L’expérience de Courtrai semble n’avoir donné guère de résultats
Plus qu’un « plan culturel » pour les habitants de Courtrai, à moitié défendu par le bourgmestre, ses détracteurs y voyaient une politique sécuritaire dissimulée. L’agence de presse Belga avait alors comparé l’initiative de Courtrai à l’usage du « mosquito », une autre arme anti-adolescents plus radicale, qui permet d’inonder une zone de sons à très haute fréquence, que les personnes plus âgées n’entendent pas. Jugé contraire aux droits de l’enfants, ce boîtier a été interdit dans plusieurs pays dont la France, où il était commercialisé sous le nom de … Beethoven. C’est à se demander ce qu’on trouve de si assourdissant aux symphonies du génie allemand!
A lire aussi
Par la suite, Stefaan De Clerck ne s’est plus exprimé sur le sujet : il semblerait que l’expérience n’ait guère donné de résultats et on ne sait pas si le dispositif a été prolongé. On pouvait déjà pressentir un échec avec ce témoignage d’un jeune « nuisible » interviewé en juillet 2012, qui n’avait pas l’air terrorisé par l’arrivée du classique dans son parc. « De toute façon, nous dansons déjà sur la musique de nos portables […] Nous ne faisons rien de mal », assurait-il au journal Nieuwsblad. Si, comme Stefaan de Clerck, vous pensez que la génération Z est allergique à la musique classique, cet autre article est capable de vous faire changer d’avis.
Clément Kasser