Alors qu’il va quitter le Staatsoper de Vienne pour diriger la Scala de Milan, Dominique Meyer est mis sur la selette après la publication d’un rapport sur les méthodes de formation intensive des jeunes danseuses et danseurs de l’Académie de ballet de l’opéra autrichien, jugées dangereuses pour leur santé.
Des pratiques inappropriées qui mettent le bien-être des élèves-danseurs en danger
« Les enfants et les adolescents ne sont pas suffisamment protégés des effets négatifs » qu’engendre la pratique intensive de la danse classique, peut-on lire dans le rapport de cette commission indépendante consulté par l’AFP. L’Académie de ballet du prestigieux Staatsoper de Vienne met « en danger le bien-être » de ses élèves par des pratiques inappropriés, les encourageant par exemple à fumer pour rester mince, selon les conclusions d’une commission rendues publiques mardi et portant sur les conditions de formation des jeunes danseuses et danseurs dans le prestigieux établissement fondé en 1771 et dépendant administrativement de l’Opéra national de Vienne.
Le gouvernement autrichien avait commandé l’enquête après des révélations de la presse locale qui ont fait scandale en avril. À l’époque, témoignages à l’appui, l’hebdomadaire Falter avait dénoncé des « méthodes de dressage dignes de la pédagogie tsariste » importées notamment par une professeure russe (licenciée en janvier) et se faisant au détriment de la scolarité et de la santé des élèves de l’école de danse. Le magazine avait publié une photo montrant les pieds ensanglantés d’une jeune ballerine pour illustrer les cadences infernales imposées aux enfants, âgés entre 10 et 18 ans. Des élèves affirmaient y avoir subi des coups et des remarques humiliantes sur leur physique, tombant dans l’anorexie à cause de « méthodes sadiques » appliquées sans encadrement psychologique ni diététique.
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Dominique Meyer n’aurait pas « suffisamment pris au sérieux » sa fonction de contrôle
L’Académie de ballet a rejeté mardi les conclusions de la commission indépendante. Elle dit avoir amendé son fonctionnement en coopération avec une association d’aide à l’enfance. Un code de bonne conduite à l’attention de l’encadrement a été introduit. Mais la commission estime que ces changements « donnent le sentiment d’être moins motivés par le bien-être des enfants que par la volonté de démontrer à l’opinion publique que quelque chose est fait« . Le gouvernement autrichien, qui finance le Staatsoper, a affirmé mardi vouloir étudier « dès que possible et sans compromis » les possibilités de réforme. Interrogée en conférence de presse sur la responsabilité du directeur du Staatsoper, le Français Dominique Meyer, la rapporteuse Susanne Reindl-Krauskopf a estimé que ce dernier n’avait pas « suffisamment pris au sérieux » sa fonction de contrôle. Une affaire qui vient ternir le bilan de Dominique Meyer, à la tête depuis dix ans de l’institution viennoise, dont il quittera la direction début 2020 pour rejoindre la Scala de Milan.
Philippe Gault (avec AFP)