De Luciano Pavarotti à Montserrat Caballé : Cette souffleuse d’opéra raconte 50 ans de carrière aux côtés des plus grands

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Répétitrice et souffleuse du Met Opera de New York pendant pus de 40 ans, Joan Dornemann a raconté quelques uns de ses souvenirs au site metmusicstaff.com. En plus de 50 ans de carrière, cette grande professionnelle, discrète mais très appréciée dans le monde de l’opéra, a travaillé avec les plus grands chefs d’orchestres et d’immenses chanteuses et chanteurs lyriques.

Durant sa carrière, Joan Dornemann a été récompensée par 3 Emmy Awards

Rien ne prédestinait Joan Dornemann au prestige du monde de l’opéra. Native de Boston, après des études de piano, c’est plutôt le théâtre et le cinéma, découverts après une rencontre avec Francis Ford Coppola, qui l’attiraient même si elle a commencé à gagner sa vie en enseignant la musique. C’est par hasard, au début des années 70, qu’elle découvre l’opéra à New York où elle vint faire répéter un chanteur ukrainien avec lequel elle intégra, pour un premier séjour de 2 ans, le Met Opéra comme répétitrice.

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Après des séjours de formation en Italie et en Espagne Joan Dornemann intègra définitivement le Met Opera comme répétitrice, coach et souffleuse (aux manettes du prompteur au bord de la scène) avant d’être nommée cheffe adjointe, tout en exerçant ponctuellement à l’étranger et, notamment, à l’Opéra de Paris. Récompensée par 3 Emmy Awards, Joan Dornemann, qui continue de diriger des master-classes à travers le monde et a fondé l’International Vocal Arts Institute (IVAI) de Tel-Aviv, a travaillé avec les plus grands chefs d’orchestre, de Carlos Kleiber à James Levine, et les plus grands noms du lyrique tels que Montserrat Caballé, Renée FlemingLuciano Pavarotti ou encore Placido Domingo.

Joan Dornemann fut la 1ère femme engagée comme souffleuse au Met Opera

Interrogée pour le site metmusicstaff.com par sa consœur Hemdi Kfir, coach linguistique au sein du Met Opera, Joan Dornemann lui raconte notamment ses débuts de souffleuse auprès de Monserrat Caballé au Liceu de Barcelone. Après lui avoir confié qu’elle n’avait jamais fait ça, la grande soprano espagnole lui répondit : « C’est simple vous dites les mots avant que je ne les dise ». Joann Dornemann se souvient également de son audition avec James Levine qui l’engagea comme souffleuse (la 1ère femme) au Met Opera dont il était le directeur musical et qui conclut l’audition par ces mots « Je vais avoir beaucoup de problèmes. Je devrais prendre un homme, mais je ne le ferai pas. Je vais vous embaucher ».

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Un autre moment fort de la carrière de Joan Dornemann fut sa collaboration avec le grand chef d’orchestre austro-américain Carlos Kleiber, invité au Met Opera pour y diriger La Bohème de Giaccomo Puccini en 1988. Joan Dornemann raconte que le personnel avait pour consigne de ne pas adresser la parole au maestro mais qu’au bout d’un moment, lors des répétitions, il demanda timidement pourquoi personne ne lui parlait ! Au cours de cette même répétition, Carlos Kleiber s’attarda sur le passage de la mort de Mimi. Et Joan Dornemann de se souvenir : « Une fois qu’il a obtenu le résultat qu’il recherchait, il nous a expliqué que chaque élément de la musique était important : le pizzicato, le staccato, le legato. On s’est tous senti comme si nous étions sur une terre sainte, fiers de faire partie de cette production. Pour le reste de ma vie, je garderai ce souvenir avec moi ».

Philippe Gault

 

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