Placido Domingo est l’un des plus grand chanteurs lyriques de tous les temps. Il compte à son actif plus de 130 rôles de ténors, mais aussi de baryton. Il mène également une carrière de chef d’orchestre, et de directeur artistique.
Placido Domingo : une carrière exceptionnelle et unique qui marquera à jamais l’histoire de l’opéra
Né à Madrid le 21 janvier 1941, il part huit ans après pour le Mexique, où ses parents chantent dans une troupe de zarzuela réputée. Il reçoit une formation musicale très complète au Conservatoire national de Mexico et, à moins de vingt ans, incarne Alfredo (La Traviata) à l’Opéra de Monterrey. C’est le début d’une carrière prodigieuse, celle de 130 rôles à l’opéra, et entre autres records, du plus grand nombre de soirées d’ouverture au Met de New York ; celle de la diversité aussi, du tango aux mélodies napolitaines en passant par les zarzuelas, sans oublier la direction d’orchestre dès 1973 et sa participation à des films d’opéras (Carmen de Francesco Rosi en 1984).
Les Trois Ténors : une consécration planétaire pour Placido Domingo
A partir de 1990, Plácido Domingo est aux côtés de Luciano Pavarotti et José Carreras pour les concerts des « Trois Ténors », qui connaissent un succès extraordinaire, et inspireront plus tard des concerts en plein air en compagnie d’Anna Netrebko et de Rolando Villazón, également en marge d’événements sportifs. Il diversifie considérablement son répertoire avec Mozart (rôle-titre d’Idomeneo au Met en 1994), l’opéra romantique allemand, Beethoven, Weber (Oberon) et Wagner en particulier (après de mémorables Maîtres Chanteurs) : Parsifal pour ses débuts à Bayreuth en 1992, Lohengrin ou Tannhäuser.
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En 1993, il fonde son concours international de chant, « Operalia », qui se tient chaque année dans une ville différente (Milan en 2010, pour ses quatre décennies de collaboration avec la Scala) et dont la liste des lauréats donne le vertige : Inva Mula, Nina Stemme, José Cura, Joyce DiDonato, Ludovic Tézier, Joseph Calleha ou Rolando Villazón pour ne citer qu’eux…
Placido Domingo devient chef d’orchestre, puis évolue vers la tessiture de baryton
En tant que Directeur artistique des opéras de Washington depuis 1996 et de Los Angeles depuis 2000 (Directeur général des deux ensuite), Domingo a aussi mis au point des programmes pour de jeunes artistes, qui peuvent travailler comme dans une troupe à l’ancienne. Eternellement jeune, il continue d’élargir ses horizons, tant avec le répertoire baroque (Haendel, Gluck…) qu’en créant Goya, écrit à son intention par Menotti (1986), et les Divinas Palabras d’Antón Garcia Abril pour la réouverture du Teatro Real de Madrid en 1997, ou en reprenant Cyrano de Bergerac d’Alfano ! Lors de la saisons 2009-2010, Domingo a cependant fait ses débuts dans un rôle-titre qu’il rêvait d’interprété pour sa maturité, celui de Simon Boccanegra, renouant ainsi avec la tessiture de baryton de sa toute première audition, mais surtout avec l’époque où il enchantait tous les publics en abordant successivement les autres rôles de Verdi. C’est ainsi que récemment il a triomphé à Salzbourg et au Met dans Luisa Miller.
Une fin de carrière ternie par des scandales
Ce triomphe de Salzbourg est intervenu alors que Placido Domingo fait l’objet d’accusations de harcèlement sexuel. Dans une enquête publiée mi-août 2019 par l’agence Associated Press, neuf femmes, dont huit de manière anonyme, ont affirmé avoir été sexuellement harcelées à la fin des années 80. Dans ce climat, Placido Domingo a renoncé au rôle titre de Macbeth de Verdi qu’il devait chanter ce mois ci au Metropolitan Opéra. A cette occasion il a une nouvelle fois réfuté les accusations dont il est l’objet. Il se dit «inquiet du climat dans lequel les gens sont condamnés sans procès» . Pour conclure Placido Domingo affirme que la répétition générale de Macbeth aura été sa « dernière performance sur la scène du Met« . Pour autant il reste officiellement programmé dans le rôle de Sharpless dans Madame Butterfly de Puccini, et toujours au Met.
Francis Drésel & Jean-Michel Dhuez