« Un interne se suicide tous les 18 jours » : Grève des étudiants en médecine dans les hôpitaux

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C’est une journée nationale de mobilisation des internes en médecine ce 28 avril. Les 35.000 internes que comptent les hôpitaux sont appelés symboliquement à se mettre en grève. Leurs revendications portent essentiellement sur le temps de travail.

Ces étudiants salariés travaillent en moyenne entre 70 et 90 heures par semaine pour un salaire net de 6 euros l’heure, alors que le règlement est fixé à 48 heures. Ils souhaitent que chaque heure soit comptabilisée et non plus en demi-journée comme c’est le cas aujourd’hui. Ils demandent également une augmentation de 300 euros par mois, car leurs responsabilités, disent-ils, s’accroissent d’année en année.

Thomas Citti est interne en réanimation au CHU de Nice : « La situation dans les hôpitaux est dramatique. Au bout de 24h de travail consécutif, on a l’équivalent d’1 gramme d’alcool dans le sang. Ces gardes et l’enchaînement de ces temps de travail entraînent une surcharge émotionnelle. 66% des internes sont en burn-out et il y a à peu près, 1 suicide d’interne tous les 18 jours.

C’est extrêmement dangereux de prendre en charge des patients quand nos capacités cognitives sont diminuées. Ça peut avoir un impact sur notre empathie ou sur la manière de gérer des situations urgentes, mais aussi sur les relations intra-professionnelles. Les violences faites sur les internes sont faites au sein même du service » confie-t-il.

15% des internes abandonnent en cours de route par dégoût des conditions de travail

Olivia Fraigneau est interne en médecine d’urgence à Paris. Depuis 3 ans, elle enchaîne plus de 60 heures de garde par semaine, bien au-dessus des 48 heures légales : « On a même des internes qui travaillent presque 100 heures.

Cette vocation ne suffit plus à tenir debout. Un quart des internes ont des idées suicidaires. L’hôpital tourne grâce aux internes. Quand on travaille beaucoup trop, on commet des erreurs médicales et quand on commet des erreurs médicales, il y a des patients qui meurent ».

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Les internes représentent près de la moitié du personnel médical. Dans certains services sous tensions, comme les urgences, cela peut grimper jusqu’à 90%. Pour Stephane Berdah, directeur de la Commission d’établissement des hôpitaux de Marseille, avec la pénurie de soignants, cette situation va s’accentuer dans les années à venir : « Ils sont au cœur de tous les systèmes. S’ils n’étaient plus là, on serait complètement noyés par le fait que l’on manquerait de bras. On manque d’internes ».

Avec 5 euros brut de l’heure et une responsabilité toujours plus importante désormais, 15% des internes abandonnent en cours de route par dégout. Plus inquiétant, 1 interne sur 10 souhaite partir exercer à l’étranger après la fin de son cursus.

Rémi Pfister

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